Se rapprochant de plus en plus des lignes de front dans la bataille entourant la loi américaine sur l’accès aux soins de santé que Donald Trump se fait une priorité d’abroger, le président sortant Barack Obama a pressé les élus démocrates de «veiller sur le peuple américain», mercredi 4 janvier, alors qu’il s’est rendu au capitole.
De son côté, le vice-président désigné, Mike Pence, a réitéré que le démantèlement de la loi connue sous le nom d’«Obamacare» est en tête de liste des choses que M. Trump souhaite accomplir dès qu’il entrera en fonction, le 20 janvier.
La chambre des représentants américains a adopté un projet de loi octroyant au Congrès le pouvoir d’abroger d’un seul coup des dizaines de législations adoptés dans les derniers mois du mandat d’Obama, dont l’emblématique Obamacare.
Liquider le plus rapidement possible l’héritage de la présidence Obama. Telle est la philosophie qui entoure le projet de loi voté mercredi 4 janvier par la chambre des représentants américains. Adopté à 238 voix contre 184, il octroie au Congrès, à majorité républicaine, le pouvoir d’abroger d’un seul coup des dizaines de législations adoptés dans les derniers mois du mandat de Barack Obama, dont l’emblématique loi sur les soins abordables surnommée Obamacare.
Le Sénat devrait statuer prochainement sur un texte associé, lors d’un scrutin qui pourrait s’avérer plus complexe, puisque huit votes démocrates seront requis pour que le projet soit adopté.
En vertu du « Congressional Review Act », le Congrès a la possibilité d’examiner les lois pendant une certaine période suivant leur adoption. Les textes adoptés depuis mai sont donc susceptibles d’être remis en question, une fois Donald Trump entré à la Maison blanche le 20 janvier. Pour aller plus vite, les législateurs républicains pourraient décider d’organiser un unique vote pour abroger une série de lois en matière d’énergie, d’environnement ou encore de transports.
Un objectif : abroger ce « désastre »
Plus tôt dans la journée, le président élu, Donald Trump, avait apporté un soutien tout en tweets à l’entreprise de déboulonnement de ce dispositif phare de la présidence de Barack Obama. Le milliardaire l’a qualifié de « désastre », relayé par son vice-président Mike Pence, qui a affirmé que « nous sommes concentrés sur un objectif : abroger et remplacer l’Obamacare ».
Barack Obama, sentant le danger, a entrepris un rare déplacement, mercredi, au Capitole (siège du Congrès) pour tenter de convaincre les élus de ne pas supprimer purement et simplement sa réforme, qui vise à étendre la couverture de l’assurance maladie au plus grand nombre et notamment aux plus démunis.
Marge de manœuvre très limitée pour défendre cette loi
Arraché en 2010 à l’issue d’un combat législatif acrimonieux, qui coûta cher aux démocrates, « l’Affordable Care Act » est une pièce centrale du bilan des deux mandats du 44e président américain.
À moins de trois semaines de l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, la priorité de Barack Obama est « de protéger les intérêts de 22 millions d’Américains, dont la couverture santé disparaîtrait » si les républicains supprimaient ce texte, affirme Josh Earnest, son porte-parole.
Les démocrates, encore groggy par la perte de la Maison Blanche doublée d’une sévère défaite dans les deux chambres, ont une marge de manœuvre très limitée pour défendre cette loi.
Ils s’accrochent cependant au fait que la suppression du texte pourrait susciter une vague de mécontentement à travers le pays et que leurs adversaires n’ont pas de véritable projet clé en main pour le remplacer.
« Moins contraignant »?
Malgré le risque politique, les républicains semblent décidés à tourner la page de l’Obamacare, à l’image de Paul Ryan, facilement réélu mardi dernier à la présidence de la Chambre des représentants, qui a ébauché, début 2016, un système présenté comme « moins contraignant ».
Mais le fonctionnement du dispositif proposé par Paul Ryan reste entouré de flou. C’est tout le problème des républicains : trouver une alternative crédible. Certains ont suggéré d’en conserver quelques composantes, comme l’interdiction faite aux assureurs de refuser un patient en raison d’un profil jugé trop risqué.
Mais difficile d’en supprimer un pan sans faire s’écrouler tout l’édifice, tant son équilibre financier est fragile.
Une autre hypothèse évoquée et de voter la fin de cette loi mais de reporter de quelques années l’abrogation effective de ses principales composantes.
L’espoir des démocrates pourrait, en définitive, se résumer comme suit : offrir à Trump une victoire politique symbolique avec la suppression de cette loi honnie par le camp conservateur. Mais en conserver, de fait, et sous un autre nom, l’essentiel de l’architecture.
Avec agences