De nombreux enseignants ont, tout à l’heure, donné de la voix à l’avenue Habib Bourguiba à Tunis. Même s’ils ont raison dans l’absolu, car leur pouvoir d’achat régresse comme peau de chagrin, leur discours était complètement à côté de la plaque. Ils ont poussé la chansonnette en reprenant des classiques de Cheikh Imam et Marcel Khalifa comme si nous vivions encore sous une féroce dictature. Ils employaient à dessein des slogans mal appropriés et un vocabulaire martial afin de dramatiser l’événement et faire « prendre conscience » aux gens de l’état désastreux de leurs relations avec le gouvernement.
Les enseignants ne sont plus ce qu’ils étaient. J’ai vu, aujourd’hui, des mines patibulaires et des vaches voilées d’humeur acariâtre et trop hargneux pour des enseignants. Aujourd’hui, le corps enseignant n’est plus qu’un ramassis de péquenauds gavés au nationalisme arabe le plus obtus et à l’islamisme, des ploucs intellectuellement médiocres, irresponsables et aux pratiques peu conformes à l’esprit sacerdotal. Outre la formation intellectuelle des élèves qui doit être profondément réformée, les critères de recrutement qui définissent le profil des enseignants et des autres personnels éducatifs doivent également être révisés de fond en comble.
Il ne suffit pas d’avoir un diplôme que tout le monde possède pour se voir échoir la responsabilité de la formation des futures générations. Les enseignants sont chargés d’une « mission sacrée » et vitale pour l’avenir du pays. Ce ne sont pas les bédouins conservateurs et idéologisés que j’ai vus tout à l’heure au centre-ville de Tunis – des ploucs dénués de toute noblesse d’esprit et de cœur, dépourvus de toute grandeur véritable – qui fourniront à la Tunisie de brillantes générations.
Pierrot Lefou