Education sexuelle « Halal »

La gamine, du haut de ses 14 ans, se dénudait précipitamment dans la salle de bains de l’hôtel « halal » dans lequel l’emmenaient ses parents pieux et politiciens pour fêter la nouvelle année. Sans alcool, avec deux piscines chaudes pour chaque sexe et cerise sur le gâteau , un muezzin et un coin mosquée qui rythmait les séjours.

Elle balançait son voile et ses dessous. Les jetaient presque comme pour libérer son corps dans lequel ils l’enfermaient. Les chants liturgiques de Ben Gamra, star fétiche et repenti de son oncle Habib qui s’amusait encore à attendre minuit, lui parvenaient étouffés du bar d’en bas où on brassait du vent plutôt que la bière.

Elle s’allongeât aussi vite dans l’eau chaude bienfaisante et relaxante comme pour mieux occulter ses formes ‘ « haram », qu’elle ne voulait pas découvrir. Impurs ne cessait de lui marteler sa mère dès sa petite enfance. Ses petits seins naissants émergeaient maintenant de la mousse légère et aérienne qui s’effaçait laissant découvrir deux petits tétons bien enflés qu’elle admirait non sans crainte de Dieu qui regardait tout. Les pensées, les âmes et les intimités, lui disait son papa.

Mais la nature reprenait ses droits comme la rivière son lit. La libido la submergeait, la chaleur de l’eau faisait bouillir son désir qui ressortait doucereusement en bulles rythmées et saccadées de son pubis puis se transformaient en lave coulante au toucher pour exploser enfin dans un orgasme qui électrisa son jeune corps dans des spasmes qu’elle ne savait pas plus faire taire. Débordée ! Jouissive, puis effrayée de tant de plaisir que cette chose immonde pouvait dégager. Peut être même que son oncle Habib avait raison de vouloir l’exciser, se rappela-t-elle de cette vague polémique qu’il avait suscité sur facebook et dont elle ne comprenait pas grand-chose.

Son corps se raidissait maintenant, tétanisé par l’enfer de Dieu, la peur de l’oncle habib aux yeux injectés de sang qu’elle imaginait ciseaux entre les mains défoncer la salle de bain, la honte du père qu’elle décevait, et la peine de sa mère qu’elle trahissait. Elle fit vite d’enfiler sa nouvelle Djellaba toute propre, remit à la hâte son foulard sur ses cheveux encore mouillés et redescendit dans le bar plein à craquer de mémères en transes à fêter leur réveillon Halal sous les tablas et les bendirs de la soulamya qui s’éclatait

Elle recherchait des yeux sa mère qu’elle apercevait vaguement en conclave dans la pénombre avec des prieurs politiciens comme elle à discutailler. Elle cherchait un réconfort. L’assurance que ni son oncle ni ses parents et donc forcément Dieu qu’ils représentaient, n’étaient au vent du sacrilège qu’elle venait de commettre dans sa salle de bain. Elle s’approcha et crut entendre des bribes de conservation qu’étouffait le son des bendirs en folie. Ils parlaient de la nécessaire éducation sexuelle à instaurer dans les écoles.

Ils parlaient sûrement d’elle. Ils savaient donc. Ses jambes fléchissaient, la terre se dérobait sous ses pieds. Les Allah ya Allah rauques et discordants psalmodiés par la Soulamya se dissipaient lointains. La gamine flanchait et titubait.

Sa corps ne lui appartenait pas. Confisqué! happé par le néant . Il s’effondrât, s’écroulât inanimé sous le poids du sacrilège dans les voiles , la djellaba et les barbes. Insensible, Vide de plaisir . Carcasse et réservoir à porter des enfants bien musulmans sous tous rapports. Comme le voulait 3ammi Habib l’exciseur aux yeux injectés de sang, le papa prieur , et la maman islamiste qui croit pouvoir ranimer maintenant sa fille à coup de sucre qu’elle frotte sur les lèvres livides de sa gamine .

Fadhi Ch’ghol