Les préfabriqués, confisqués en octobre dernier par l’armée israélienne et dont la restitution est réclamée par l’Union européenne, doivent être présentés lors d’une vente aux enchères dans les Territoires occupés.
L’Union européenne ( UE ) a condamné ce projet, qu’elle attribue au gouvernement israélien, de vente aux enchères de structures humanitaires, fournies par l’UE à des villages bédouins en Cisjordanie occupée, et confisquées selon elle par les autorités d’occupation du pays.
Selon plusieurs sources, dont le journal Libération, l’armée israélienne «compte vendre aux enchères deux salles de classe financées par l’Union européenne et confisquées à une communauté palestinienne en Cisjordanie occupée».
C’est l’administration civile israélienne, dite Cogat (la branche de l’armée chargée des affaires du quotidien dans les Territoires occupés), qui se chargera de la vente des préfabriqués, financés par plusieurs pays européens, dont la France, à travers ECHO, la branche humanitaire de l’UE. Ces classes étaient utilisées par les enfants de la communauté d’Izbiq (nord-est de la Cisjordanie), avant leur confiscation par les militaires en octobre dernier, sous prétexte que le village, situé en zone C, c’est-à-dire sous contrôle militaire israélien, serait un site archéologique biblique.
Selon le porte-parole de l’UE à Jérusalem, Shadi Othman, interrogé le 31 mai, cette vente doit être effectuée par le Cogat, l’organe israélien chargé des opérations civiles dans les Territoires palestiniens.
Dans le cas où les propriétaires ne procèdent pas à une demande de restitution de leurs biens dans un délai de 30 jours suivant la publication de cette annonce, les biens seront vendus
Celui-ci n’a pas répondu dans l’immédiat à une demande de confirmation de ces informations. Les structures en question ont été saisies en 2018 selon l’UE. Il s’agit de deux préfabriqués servant de classes donnés par l’Union européenne aux bédouins du village de Ibziq, et de deux tentes et trois hangars attribués à cette communauté à al-Hadidiya dans la vallée du Jourdain, précise l’UE dans un communiqué. Ces classes ont été confisquées par les Israéliens en octobre dernier, le village, étant situé sous contrôle militaire israélien. Israël a aussi prétexté la confiscation par le fait que le lieu était un site archéologique biblique.
Une demande de restitution de l’Union européenne aurait été envoyée aux autorités israéliennes
L’UE cite une annonce légale parue le 6 mai courant dans le quotidien israélien Maariv dans laquelle il est fait mention de «bien saisis en Cisjordanie». Libération précise que le catalogue de vente liste «des équipements correspondants en tout point à ceux financés par l’UE aux côtés de matériaux de construction divers (tuyaux, poutres, sacs de ciment…) et d’autres bien confisqués (de la vieille Suzuki à des cargaisons de presse-agrumes et d’écharpes)».
«Dans le cas où les propriétaires de ces biens ne procèdent pas à une demande de restitution de leurs biens dans un délai de 30 jours suivant la publication de cette annonce, les biens seront vendus» aux enchères, est-il précisé. Shadi Othman a assuré à l’AFP qu’une demande de l’UE de restitution avait été «communiquée via un communiqué officiel» aux autorités mais qu’elle n’avait «jamais» reçue de réponse.
«Les missions de l’Union européenne à Jérusalem et Ramallah [en Cisjordanie occupée] ont appelé les autorités israéliennes à rendre les biens confisqués à leurs bénéficiaires sans condition préalable et aussi vite que possible, et à défaut de leur fournir sans délai des compensations [financières]», ajoute l’UE. Selon le communiqué, les structures saisies ont une valeur de 15 320 euros.
L’UE, dont la France, finance fréquemment des structures humanitaires dans les villages bédouins de Cisjordanie occupée. Les autorités israéliennes les confisquent régulièrement, au motif que leurs bénéficiaires ne disposent pas des permis nécessaires à leur construction. Israël occupe depuis près de 50 ans la Cisjordanie où plusieurs communautés de bédouins sont installées.