Ce vendredi matin, la Turquie a annoncé qu’elle laisserait les demandeurs d’asile passer en Europe.
Des centaines de réfugiés sont massés à la frontière turco-grecque à Edirne au lendemain de la décision prise par Ankara de ne plus retenir les demandeurs d’asile qui tentent de gagner l’Europe. Des migrants arrivent aussi par bateau de Turquie sur l’île de Lesbos.
Des migrants souhaitant se rendre en Grèce se sont rassemblés ce vendredi 28 février dans la ville frontalière turque d’Edirne, alors qu’Ankara change sa politique de contrôle des frontières.
Selon des journalistes présents sur place, des centaines de migrants étaient bloqués dans la zone tampon entre la Grèce et la Turquie. Le chef d’état-major grec et le ministre de la Protection du citoyen se sont rendus ce vendredi à Kastanies à la suite d’une décision gouvernementale de rendre plus « sévère » le contrôle des frontières, selon la même source.
D’autres demandeurs d’asile arrivent actuellement par bateau de Turquie sur l’île de Lesbos.
En début d’après-midi vendredi, le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a affirmé sur Twitter qu’« aucune entrée illégale » dans son pays « ne sera tolérée », soulignant que « la Grèce avait renforcé la sécurité de ses frontières » avec la Turquie.
La Turquie a décidé dans la nuit du 27 au 28 février de ne plus retenir les migrants qui tentaient de gagner l’Europe, selon les médias.
Cette décision a été prise lors d’un conseil de sécurité extraordinaire présidé par Recep Tayyip Erdogan, suite à la mort d’au moins 33 soldats turcs dans le gouvernorat syrien d’Idlib lors de frappes aériennes attribuées par Ankara au gouvernement syrien soutenu militairement par la Russie.
Le porte-parole du Haut-Commissariat de l’Onu pour les réfugiés (HCR) en Grèce, Boris Tchechirkov, a déclaré ce vendredi 28 février que la Grèce ne voyait aucune augmentation du flux de réfugiés.
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Un fardeau « trop lourd à porter »
De son côté, la Commission européenne a demandé vendredi à la Turquie de « respecter ses engagements » pris dans le cadre du pacte migratoire conclu en 2016. Ce pacte controversé, qui avait fait chuter drastiquement le nombre de passages vers la Grèce, prévoit notamment le renvoi systématique des migrants vers la Turquie en échange d’une aide financière, et des mesures de la part d’Ankara pour éviter que de nouvelles routes migratoires ne s’ouvrent au départ de son territoire vers l’UE. Mais Athènes et l’UE avaient noté au cours de ces derniers mois une hausse des arrivées.
Ankara a réclamé le soutien de la communauté internationale et brandi, pour obtenir cet appui, la menace d’un nouvel afflux de migrants vers l’Europe. Dès jeudi soir, un officiel turc avait déclaré à l’agence de presse Reuters que la police, les garde-côtes et les garde-frontières avaient reçu l’ordre de ne pas empêcher les réfugiés d’atteindre l’Europe par voie terrestre ou maritime. « Tous les réfugiés, dont les Syriens, sont désormais invités à pénétrer dans l’Union européenne », avait confié ce responsable, estimant que le fardeau était « trop lourd à porter pour un seul pays ».
Dans le passé, la Turquie a plusieurs fois menacé d’« ouvrir les portes » de l’Europe aux migrants, les observateurs y voyant une manière de faire pression sur les pays de l’Union européenne encore traumatisés par la crise migratoire de l’été 2015. Plusieurs centaines de milliers de personnes, fuyant en majorité les conflits au Proche-Orient, s’étaient alors rendues en Europe en transitant par la Turquie.
Dans le même temps, Ankara a plusieurs fois réclamé davantage d’aide européenne pour faire face à la catastrophe humanitaire à Idlib, où près d’un million de personnes ont fui les bombardements du régime de Damas et de son allié russe, se réfugiant pour la plupart près de la frontière turque.
« Nous accueillons déjà près de quatre millions de réfugiés et n’avons pas les moyens ni les ressources d’autoriser l’entrée sur notre territoire à un million de personnes supplémentaires », a déclaré vendredi le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun.