عبدالعزيز اليعقوبي المهاجر العصامي الذي ناضل لأكثر من عشر سنوات للتعريف بالتكتل الدمقراطي وأوصل أمينه العام مصطفى بن جعفر الى فرنسوا هولند مرتين الأولى كأمين عام للحزب الأشتراكي الفرنسي والثانية كرئيس للجمهوريةالفرنسية لازال ينتظرأن يقول له سي مصطفى شكرا
ABDELAZIZ AGOUBI, tel que je l’ai connu.
Le hasard fait bien les choses. Quand il les fait !.
J’ai rencontré Abdelaziz AGOUBI au début du mois d’octobre 1991 à l’entrée de la Librairie Okba, située à la rue Jean-Pierre-Timbaud dans le 11 ème arrondissement de Paris. Cette librairie qui appartenait à trois leaders exilés d’Ennahdha, était l’un des rares espaces où se rencontraient de nombreux tunisiens réfugiés en France . Ils y venaient parce qu’ils étaient perdus et sans repères et davantage pour s’informer des nouvelles en provenance du pays et rencontrer les nouveaux arrivants, que pour consulter les maigres œuvres et publications que vendait la librairie. Cet espace, ressemblait plutôt à une boutique du Souk El Attarine de Tunis !
Après les présentations, nous nous sommes promenés, Abdelaziz et moi dans les parages , tout en discutant sur les événements en Tunisie et sa réalité amère. Je lui ai fait part des difficultés que nous rencontrions pour briser le mur du silence sur ce qui se passait dans le pays et l’impossibilité de l’accès à la presse française. J’avais à l’époque un petit texte sur la répression qui sévissait en Tunisie que j’ai envoyé à beaucoup de journaux, qui ne lui accordèrent pas la moindre attention. Abdelaziz m’a proposé alors de le publier à Lyon, en mentionnant le nom d’un ami à lui, un certain Philippe Leglise, journaliste qui travaillait pour le Progrès de Lyon , le grand journal de la place. A vrai dire, je ne l’ai pas cru au départ. Je l’ai même défié en lui disant que s’il réussissait à publier le texte, j’irais à pieds jusqu’à Lyon afin de le remercier. Quelques jours après, Abdelaziz a tenu sa promesse et m’a envoyé l’article publié dans le journal. Je ne suis pas allé à pieds pour le remercier mais depuis, une relation de collaboration et de solidarité est née entre nous et j’ai participé à de nombreux événements; manifestations et réunions d’ordre associatif et institutionnel qu’ il avait organisés dans sa région, en particulier au niveau du parlement européen ou du tissu associatif auquel il s’était largement investi , et plus particulièrement la Ligue des Droits de l’Homme à Lyon. Je me contente de ces quelques remarques, la volumineuse et riche biographie que lui réserve notre ami Philippe Leglise me dispense d’en dire plus . Abdelaziz, que je croyais un affilé d’Ennahdha lors de notre première rencontre à cause de sa longue barbe bien entretenue quand même , m’a prouvé au fil des années, qu’il n’appartenait pas à cette secte, qu’il était une personne indépendante et un homme libre agissant selon sa conscience de musulman, ses principes de patriote sincère, et les valeurs humanistes héritées d’une longue et riche tradition tribale et sociale .
Ainsi, alors qu’à partir de 2011 des milliers de prétendus militants se disputaient les honneurs et les indemnisations non mérités la plupart du temps, causant un sérieux préjudice au budget de l’Etat et aggravant l’endettement du pays Abdelaziz, trop fier et honnête, refusait toute indemnisation de ses sacrifices, tout comme nombre de militants qui se sont dépensés sans compter pour les principes et les valeurs.
D’autre part, quand des centaines d’exilés se disputaient les apparitions dans les chaînes télévisées, les radios et les journaux tunisiens après 2011, pour raconter leurs prétendues histoires héroïques et leur militantisme fictif, Abdelaziz s’est abstenu de participer à ces mascarades, pensant a juste titre que l’histoire véritable des combats individuel et collectif ne s’écrit pas par ces prétentieux et des plumes mensongères, mais par les témoins honnêtes et les historiens. Et c’est là que nous retrouvons justement le rôle du journaliste intègre qu’est Philippe Leglise, qui a côtoyé Abdelaziz, du moins depuis 1991, pour raconter l’histoire et le parcours de ce soldat inconnu, ainsi que quelques pages de celle de la Tunisie de cette époque.
Philippe Leglise devrons -nous le rappeler a été l’un des rares journalistes français et européens à briser le mur du silence sur la tragédie tunisienne, et son journal le Progrès de Lyon, l’un des premiers journaux français à avoir publie des informations sur la Tunisie combattante et à m’avoir accueilli personnellement et interviewé au mois d’ Août 1993.
Un grand merci à Philippe Leglise pour tout , et surtout pour ce travail de mémoire si utile pour les tunisiens souvent sans mémoire.
Une dernière remarque enfin concernant El Hamma ville natale de Abdelaziz mais aussi celle d un autre homme bien plus illustre parvenu ces derniers jours à la présidence de l assemblée des représentants du peuple ARP; le chef des frères musulmans tunisiens Rached Kheriji Ghannouchi; cause principale des maux de la Tunisie depuis une trentaine d années.
Ahmed Manai