Coronavirus : Toute l’Italie mise en quarantaine et mutinerie dans les prisons

Interdiction de rassemblement, écoles fermées, championnat de football suspendu : le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a détaillé, ce 9 mars, de nouvelles mesures draconiennes pour l’ensemble de son pays, durement frappé par le coronavirus.

Le gouvernement italien a décidé , ce lundi soir , d’élargir la mise en quarantaine déjà en place dans certaines régions du pays, à tout le territoire .

Le président du Conseil italien Giuseppe Conte a ordonné d’« éviter les déplacements dans toute l’Italie », et a interdit tout rassemblement ou manifestation à partir de mardi matin.

Le président du Conseil italien Giuseppe Conte a présenté une batterie de nouvelles mesures qui, regroupées dans un nouveau décret, prendront effet le lendemain matin. Elles incluent l’«interdiction de rassemblement» et la prolongation de la fermeture de toutes les écoles et universités du pays jusqu’au 3 avril.

Le championnat de football italien est suspendu. «Il n’y a pas de raison pour que se poursuivent les matches et les manifestations sportives et je pense au championnat de football. Je suis désolé mais tous les tifosi doivent en prendre acte», a déclaré Giuseppe Conte, sans évoquer les cas des matches de Ligue des Champions ou de Ligue Europa prévus en Italie ces prochaines semaines, ni les autres sports.

Près de 60 millions d’habitants ne pourront désormais se déplacer qu’uniquement pour des raisons professionnelles ou de santé, et l’ensemble des établissements scolaires vont être fermés jusqu’au 3 avril. De plus, le championnat de football est suspendu, ce qui inclut l’ensemble des matchs de Serie A.

Plus tôt ce lundi, les autorités italiennes avaient annoncé la fermeture de toutes les stations de ski du pays.

Un formulaire à remplir pour pouvoir se déplacer

Pour pouvoir effectuer des déplacements hors d’Italie ou d’une commune à une autre, les habitants devront remplir un formulaire annonce le gouvernement.

Plusieurs régions du nord de l’Italie avaient été placées en quarantaine ce dimanche matin. Le gouvernement a donc décidé d’aller plus loin face à l’augmentation des morts et des cas confirmés de Covid-19.

Des hôpitaux débordés

Dans un interview donné lundi au quotidien italien Corriere della Sera, le docteur Christian Salaroli, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Jean-XXIII de Bergame en Lombardie, a expliqué que les médecins italiens doivent aujourd’hui choisir qui soigner « en fonction de l’âge et de l’état de santé, comme dans les situations de guerre ». « Dire qu’on ne meurt pas du coronavirus est un mensonge qui me remplit d’amertume », a-t-il ajouté.

« Comme il y a malheureusement une disproportion entre les ressources hospitalières, les lits en réanimation et les malades en stade critique, tout le monde ne peut pas être intubé », a détaillé le médecin.

« On décide en fonction de l’âge et l’état de santé. Si une personne entre 80 et 95 ans a une grave insuffisance respiratoire, il est vraisemblable qu’on ne poursuivra pas. Si elle a une insuffisance multi-organique, de plus de deux ou trois organes vitaux, cela signifie que son taux de mortalité est de 100%. C’est perdu », poursuit-il, ajoutant qu’il « se peut qu’un chef de service ou un jeune médecin à peine arrivé doive, au petit matin, décider du sort d’un être humain ».

463 morts et 7985 cas

Le nouveau bilan du Covid-19 en Italie ce lundi soir a fait état de 97 décès supplémentaires. 463 personnes contaminées sont décédées dans le pays, à ce stade. En outre, 1598 cas ont été détectés, soit un total de 7985 cas.

Mutineries dans les prisons italiennes contre des restrictions dues au coronavirus, plusieurs morts

L’Italie inaugure lundi 9 mars des mesures radicales, avec notamment une restriction des visites pour les proches de détenus. Une nouvelle qui a soulevé un mouvement de colère et de violence dans les prisons du pays.

Des soulèvements dans au moins dix pénitenciers italiens ont fait plusieurs morts, après la suspension des visites familiales pour les détenus. Cette mesure vise à enrayer la propagation du coronavirus qui a déjà fait plus de 300 morts en Italie.

A la suite de la décision prise par le gouvernement italien de suspendre temporairement les visites familiales aux détenus mais aussi les permissions de sortie, afin de lutter contre la propagation de l’épidémie du coronavirus qui a fait plus de 350 morts dans le pays, de violentes mutineries ont éclaté, le 8 mars, dans au moins dix prisons en Italie. Plusieurs détenus ont perdu la vie au cours de ces affrontements, selon l’AFP.

«A la suite des modifications introduites par le gouvernement sur les visites en prison entre les détenus et leur familles, à cause du coronavirus, des protestations de détenus sont en cours dans les établissement pénitentiaires de Poggioreale à Naples (sud), Modène (nord), Frosinone (centre) et Alexandrie (nord-ouest)», a annoncé l’organisation syndicale autonome de la police pénitentiaire (Osapp). D’autres établissements sont concernés par des mutineries, comme par exemple la prison de San Vittore à Milan, où des détenus sont parvenus à s’installer sur le toit d’une des ailes, d’où ils ont crié : «Nous voulons la liberté !», sous le regard de dizaines de policiers et de gardiens.

Plusieurs morts à Modène

Des heurts particulièrement violents ont éclaté dans la prison Sant’Anna de Modène (Emilie-Romagne). D’après l’association italienne Antigone qui œuvre à la défense des droits des prisonniers, au moins un trois détenus sont décédés pendant ou après les affrontements dans cet établissement. Les chiffres précis demeurent toutefois flous à ce stade, puisque le quotidien La Repubblica a fait état de son côté de six décès, citant des sources policières. Selon l’agence de presse italienne Ansa, deux détenus sont morts après avoir été transférés de la prison de Modène vers d’autres établissements pénitentiaires.

«Nous avons déjà averti de l’augmentation des tensions dans les prisons, et sur le fait que cela pourrait se terminer en tragédie», a souligné Antigone dans un communiqué faisant état de ces soulèvements de détenus.

Selon l’agence de presse Ansa, dans ce même centre pénitentiaire de Modène, au moins deux agents de sécurité ont été blessés et une vingtaine de membres du personnel ont dû quitter la prison.

Des vidéos des incidents montrent les autorités pénitentiaires tenter de reprendre le contrôle de l’établissement.

Dans la prison de Frosinone (sud de Rome), une centaine de détenus se sont barricadés dans une section de l’établissement. La police est alors intervenue pour les déloger et rétablir l’ordre. De leur côté, les prisonniers ont dressé une liste de revendications dont la possibilité de visites de leurs proches. Ils ont aussi tenté de négocier avec la direction, a rapporté l’agence de presse italienne Agi.

A la prison Torre del Gallo à Pavie (Lombardie au nord du pays), les détenus sont parvenus à prendre deux agents de la police pénitentiaire en otage, et à libérer des dizaines d’autres détenus, selon des médias italiens.

Lors de la mutinerie dans la prison de Pavie, des détenus ont accédé aux toits du centre pénitentiaire, avant que les agents de sécurité ne reprennent le contrôle de la situation.

Aux alentours de la prison de Poggioreale, en banlieue de Naples, les familles sont également venues soutenir dans la rue la fronde des détenus.

«Situation très grave, il faut contenir l’escalade en donnant des pouvoirs d’urgence aux commandants de département, le ministre de la Justice en prend un coup !», a estimé l’ancien ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, sur Twitter

********

**********