Ses exploits sur les toits de Téhéran, parfois à la limite de l’inconscience, ont fait depuis plusieurs années d’Alireza Japalaghy une star d’Instagram en Iran, où il cumule plus de 90 000 followers. Mais ce sont des photos de baisers et d’étreintes avec une femme qui lui ont valu d’être arrêté le 18 mai par la police iranienne , qui a jugé ces clichés « haram »( interdit par l’islam ) selon le frère du jeune homme.
Le parkour est devenu populaire en Iran ces dernières années, et Alireza Japapaghy est un de ceux qui s’est fait un nom dans cette discipline, grâce à des sauts osés de toit en toit, sans le moindre équipement de sécurité.
Aucune de ces performances ne lui a jamais valu d’être inquiété par les autorités, mais les trois photos qu’il a postées le 12 mai, prises sur le toit d’un immeuble du quartier aisé d’Elanieh et postées sous le nom « Coucher de soleil à Téhéran », n’ont pas été du goût des autorités. On voit Alireza Japalaghy enlacer et embrasser une femme, par ailleurs vêtue légèrement et sans voile.
Le 17 mai, Alireza Japalaghy avait publié une story sur Instagram, affirmant qu’il avait reçu un appel le sommant « de s’expliquer sans quoi [il] serait arrêté ». Ce qu’il a refusé : « je n’ai pas peur, s’ils veulent m’arrêter ils n’ont qu’à venir ici et faire ce qu’ils veulent » déclare-t-il dans la même story.
Le lendemain, son frère cadet annonçait sur son compte Instagram qu’Alireza Japalaghy avait été arrêté à son domicile au motif de « comportements non-islamiques » : « ils n’ont montré aucun mandat d’arrêt, sont entrés dans notre maison et ont arrêté mon frère. Il n’a rien fait de mal sinon poster des vidéos sportives, je ne comprends pas ». Son frère a cependant ajouté que les personnes qui avaient arrêté Alireza Japalaghy avait invoqué un « comportement non-islamique ».
Aucune annonce officielle n’a pour l’instant été faite par les autorités iraniennes concernant les motifs d’inculpation. Il n’est pas possible de savoir qui a procédé à cette arrestation : la police ou les Gardiens de la révolution.
Alireza Japalaghy n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Il a déjà posté à plusieurs reprises des photos de lui embrassant des femmes pendant ses performances de parkour. Mais les trois photos « Coucher de soleil a Téhéran » ont été largement partagées sur Telegram, une application de messagerie cryptée très utilisée en Iran.
Chaque année, des influenceurs, des performeurs populaires sur les réseaux sociaux en Iran sont arrêtés, le plus souvent sur ce même motif de « comportement non-islamique », qui peut englober un large spectre de gestes ou attitudes. En octobre 2019, trois danseuses avaient été arrêtées pour avoir publié des « contenus créatifs obscènes ». Aucune information n’a depuis filtré sur leur situation. En juillet 2018, trois autres danseuses, dont la très populaire Maedeh Hojabri avaient aussi été arrêtées et détenues quelques jours.
Selon les articles 638 et 639 du code pénal de la République islamique d’Iran, le fait de publier des photos comme celles d’Alireza Jalapaghy peut être considéré comme de « la propagation de corruption et de prostitution en ligne », ce qui peut valoir jusqu’à dix ans de prison.
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