Tortueux. Arrogant. Et surtout anti-constitutionnel.
C’est ainsi que fût le discours du président de la république tunisienne à l’occasion de la journée du 13 août.
Rien que le mot de la fin révolte, voire révulse.
“Voilà combien est mauvais le code du statut personnel, et combien était mauvaise la constitution de 59 et combien est mauvaise cette constitution”.
C’est ainsi que pense celui qui a pour devoir (et qui l’a juré sur le Coran) de protéger la constitution.
Une simple opinion, nous dira-t-on. Kais Said est bien libre d’en avoir, nous clameront ses fans. Non si l’on considère que l’on oeuvre pour que la Tunisie devienne un Etat de droit, car le président n’a pas à faire part de ses humeurs quant à la constitution, ni à en délivrer une interprétation de ses articles, mais d’en faire respecter l’application. Mais Kais Said n’a pas lésiné à démolir l’édifice de la Tunisie moderne et des acquis du mouvement de réforme national, et ne s’est pas privé d’invoquer la charia comme base de législation, “excommuniant” rageusement au passage la proposition de l’égalité dans l’héritage tout en titillant les émois des aficionados de la lutte des classes.
Et Kais Saied a fait bien pire encore. En évoquant les tiraillements entre le camp qui prônait l’égalité entre femmes et hommes et le camp qui s’y opposait, il a usé d’une analogie insultante et diffamatoire pour le camp progressiste.
L’on s’est opposé ainsi sur le principe d’égalité entre le camp “des sons de cloches” et celui des “sons de minarets”, a clamé le président de la République. Il n’y a qu’un pas pour que l’on pense qu’égalité n’est pas Islam, et que ceux qui en font la promotion sont à deux doigt de l’apostasie.
Si Kais Said a nettement de l’aversion pour les Frères Musulmans, il n’en demeure pas moins amplement démontré qu’il n’est pas progressiste, voire qu’il considère ce courant de pensée comme une traîtrise à l’identité arabo-musulmane, un asservissement à l’Occident.
Qu’attendre d’un tel président ?
Selma Mabrouk