John Le Carré est l’écrivain qui a décrit le mieux l’espionnage du temps de la guerre froide

Le maître du roman d’espionnage, David Cornwell, plus connu sous le nom de John Le Carré, s’en est allé. Il excellait dans l’art de raconter les coulisses du pouvoir. Son écriture était réaliste, ancrée dans la réalité et se distinguait de celle de Ian Flemming et Graham Greene. Ses romans étaient très bien écrits, ses personnages bien construits et ses intrigues allaient crescendo. Comme Gérard de Villiers (un écrivain génial, traîné dans la boue toute sa carrière durant et qu’il faudra un jour réhabiliter), Le regard qu’il portait sur le monde n’était pas seulement celui d’un romancier d’espionnage, c’était celui d’un grand témoin de son temps car il montrait l’histoire telle qu’elle était et par qui elle était faite.

Ancien membre des services de renseignement britanniques, David Cornwell construisait ses romans d’espionnage à partir de son expérience. En effet, durant la première moitié des années 1960, alors qu’il avait déjà entamé sa carrière dans l’espionnage, il est diplomate à Bonn et publie en 1963, sous le nom de John Le Carré et en se basant sur sa propre expérience, L’espion qui venait du froid. Le roman est vite devenu un best-seller international. Il se vend à vingt millions d’exemplaires et John Le Carré se taille une place de choix dans le roman d’espionnage. Le roman sera magnifiquement adapté au cinéma par Martin Ritt. C’est, sans l’ombre d’un doute, l’un des meilleurs films d’espionnage.

L’année d’après, en 1964, il quitte la MI6 à la suite de la dénonciation d’un agent-double. Il se consacrera alors corps et âme à la littérature d’espionnage et plusieurs autres de ses romans seront portés à l’écran : M15 demande protection par Sydney Lumet, avec James Mason et Simone Signoret ; Le Miroir aux espions de Franck Pierson, avec Anthony Hopkins ; La Maison Russie avec Sean Connery et Michelle Pfeiffer ; La Taupe avec Gary Oldman…

John Le Carré est l’écrivain qui a décrit le mieux l’espionnage du temps de la guerre froide et la psychologie de l’espion britannique qui était accablé par l’atmosphère pesante de l’establishment britannique. A l’instar de Gérard de Villiers, John Le Carré imbriquait la petite histoire dans la grande en racontant la vie de ses espions. John Le Carré avait le souci du détail psychologique. L’espion des romans de John Le Carré n’est jamais un surhomme, il avait ses failles et ses faiblesses et se trouvait souvent traqué dans une succession d’événements tragiques imputables à la seule fatalité de l’histoire.

P.-S. : Un grand merci à Faouzi Hédhili, le célèbre bouquiniste de la rue d’Angleterre, sans qui ce statut n’aurait jamais pu voir le jour. On pouvait échanger un Simenon/De Villiers/Le Carré/San-A/Exbrayat contre un autre pour la modique somme de 500 millimes.

Pierrot LeFou