Par ces temps de Covid, plus elle me manque, plus elle me tente. Plus j’y repense, plus elle m’appelle de tous ses veux.
Djerba la Douce. L’île des Rêves. L’espiègle, au sable fin, aux plages sublimes…
Une carte postale, des plus virales, qui tourne en rond, à l’infini, bercée à vie de douces vagues de l’océan…
Je viens du Nord, comme vous le savez. Et j’aime Vaga, qui m’a vu naître. Je l’affectionne, elle fait partie de mes gènes, de mon ADN. Elle m’a nourrie, elle m’a sevrée. Elle m’a légué bien des richesses, une façon d’être, bien des palabres avec les champs, à perte de vue. Hymne à la terre, hymne à la vie. Pour toute une vie !
Et puis, et puis…l’on grandit, l’on se cherche, l’on s’éparpille ici et là, au gré d’un destin , qui fait parfois très bien les choses…
Coup d’oeil, coup de foudre, coup de coeur…
C’est là que je m’établirai ! A Djerba. C’est là que je rentrerai, quand j’irai en vacances, lorsque j’aurai besoin de me ressourcer, et de me gaver de vitamines D!
Tel un aimant, elle vous attire, vous enveloppe. A peine débarqué du fameux « Battah »(Bac) ou d’un avion. Sa brise légère vous étourdit, d’une pleine quiétude, d’un bonheur serein. Havre de paix, de communion avec ces palmiers, ces grenadiers, ces oliviers, ces carroubiers, ce bruit des vagues, à tout jamais…
Djerba me fascine. Elle m’inspire. Et j’y respire à pleins poumons. Elle me réconcilie, cette belle Dame, à fière allure, tant avec moi-même qu’avec le monde féroce qui m’entoure.
Son lever du soleil a un sens. Son coucher est encore plus divin ! Divin, lorsqu’il emprunte ces couleurs chaudes écarlates…virant du jaune à à l’orange, du rouge au pourpre éclatant !
Comment ne pas s’incliner devant tant de beauté ! Comment ne pas immortaliser ces moments sublimes d’Adieu d’un soleil vivifiant!
Soleil qui traîne des pieds, à reculons, dans un moment d’euphorie pour s’en aller se fondre dans une nuit couleur d’ébène…
Clic…clac…par ici la photo…non par-là, juste derrière cette botte de palmiers ou derrière ce carroubier en folie…Non, plutôt de ce côté… derrière ces coupoles et minarets, de mosquées parsemées à travers l’île. Tel un rappel à l’ordre et un appel intransigeant à la prière !
Le djerbien pur, « horr », ne badine pas avec la religion! Y a qu’à passer devant le masjid sur l’avenue de Midoun qui mène à la plage, pour voir le nombre de voitures stationnées, y compris ces taxis jaunes, qui s’arrêtent. Le temps d’ablutions, d’une prière ptet salutaire…
Lors de la Prière du Vendredi, j’ai l’impression que la ville s’arrête: commerces, échoppes, vendeurs à la criée…Beaucoup ferment boutique et s’en vont écouter le prêche. Accomplir, comme ils disent « ha9 rabbi ».
Reste à espérer que les gens deviennent bons et meilleurs…
Mais Djerba est si belle et généreuse qu’on ne peut se permettre d’être mauvais ou grincheux. Se trouver sur cette Île est une thérapie en soi…son climat déteint sur vous!
Magique non?
Il m’est arrivé, nombre de fois, d’emprunter le petit train qui fait le tour de l’île..Tutt!…tutt!… allant jusqu’à Guellala, longeant la mer, dans un rythme époustouflant d’inconfort! Mais si agréable, avec des soubresauts provoquant l’hilarité et le rire satisfait…
Eh bien, je ne m’en lasse pas! Ni ne me lasse de m’extasier devant un puits rustique ou un « jnen » bien camouflé. Les bougainvilliers multicolores, n’en parlons pas! Je les look, je les clique, je les like et je m’autorise un selfie !
Le poisson, acheté à la Laguna ou « Sèguia », directement chez les pêcheurs, a un goût particulier, unique! Un poisson si frais qu’il te conte la mer, ses secrets, ses richesses et ses mystères…à travers ces yeux ronds et ces nageoires qui frétillent encore…
Ah! Le marchandage de ouf pour acquérir ce précieux poisson! Tendrement dit, cela relève plus d’un art de la communication bon enfant que d’un commerce dénué d’âme…
Le faiseur-vendeur de beignets sur place, lui, tombe toujours à pic pour apaiser les fringales! Des odeurs, des saveurs, des couleurs qui vous dictent le bonheur . Du moins, des bonheurs furtifs qui se renouvellent inlassablement!
De ce pays qui n’est pas le mien…avec son froid, sa grisaille et la mort quasi cérébrale de son tissu social, c’est un peu normal que j’évoque Mon Ile, avec autant de nostalgie !
Et si je m’écoutais, je n’arrêterais pas de disserter sur sa magie…
J’arrête donc là ma virgule. Des pensées plein la tête pour une fée qui mérite, non seulement d’être inscrite au Patrimoine de L’UNESCO, mais d’être, de toute évidence le 25ème Gouvernerat tant revendiqué !
Une perle, vous dis-je ! A conserver, à préserver et à chérir plus que jamais…
Bruxelles, le 03.01.2021
Raja Snoussi