L’ancien député et nationaliste arabe, Salem Labiadh, s’insurge contre Sadok Belaïd et défend mordicus le premier article de la constitution tunisienne. Dans son statut, il s’est servi d’arguments laborieusement rapiécés, ressassés et usés jusqu’à la corde. Il a même eu le culot de débiter quelques contrevérités en prétendant que les constitutions du monde entier mentionnaient l’identité de leurs peuples, leurs principales composantes, leur culture et aire civilisationnelle…
Le fait que Salem Labiadh ressorte ses sempiternels arguments ne m’a guère surpris. En réalité, je m’attendais à une telle réaction de sa part puisque la glorification fanatique de l’identité arabo-musulmane est le pain quotidien de cet identitaire ouroubi dont l’extrémisme n’a rien à envier à celui des nazis.
Ce pseudo-universitaire fait partie de ce que l’on appelle les « sociologues culturalistes ». Ce sont des universitaires qui produisent des représentations monolithiques de la société tunisienne avec des implications profondément identitaires et homogénéisantes. Ce sont des conservateurs, unilingues pour la plupart d’entre eux, qui ont gardé une rancœur tenace vis-à-vis de la modernisation volontariste qui a été entreprise par Bourguiba. Ils sont convaincus que la modernisation de la Tunisie, qui, pour eux, est synonyme d’occidentalisation, et le choix de la langue française pour l’enseignement ont provoqué une rupture foudroyante avec le « soi authentique », c’est-à-dire avec l’identité tunisienne qui ne saurait être qu’arabe et musulmane.
Ces sociologues sont devenus, par la force des choses, imperméables aux concepts et aux paradigmes produits sous d’autres cieux et estime que l’influence occidentale, même si elle est de nature scientifique, est néfaste pour l’« authenticité arabo-musulmane » de la Tunisie. En conséquence de cela, ces culturalistes-identitaristes s’évertuent à recentrer la recherche en sciences sociales sur la question de l’identité et la place de l’islam et ce, en rédigeant leurs textes exclusivement en langue arabe.
Pour dire les choses de manière crue et directe, ces sociologues culturalistes ne ratent pas une occasion pour déverser leur haine noire sur tout ce qui touche à la modernité. Ils sont tournés vers le passé et plus particulièrement vers l’Orient du Moyen Age. D’ailleurs, leurs pairs ne leur reconnaissent aucun mérite, sauf une logorrhée nauséabonde anti-Bourguiba, anti-Sahel, anti-Occident, anti-France et la liste des personnes et des choses haïes est encore longue… Ils sont animés d’un zèle aveugle et intransigeant pour la fameuse « houwiya » et vivent dans leur petit monde borné et bourré d’idées rétrogrades et haineuses.
Pierrot LeFou