Décidément, tout part en couille, dans ce pays ! Mohamed Kerrou, le brillant universitaire au prestigieux parcours académique et aux innombrables publications, l’homme qui a introduit l’anthropologie sociale et culturelle en Tunisie et qui m’a fait découvrir de très grands auteurs tels que Pierre Bourdieu et Clifford Geertz, l’homme qui incarnait à lui seul les sciences humaines en Tunisie puisqu’il passait aisément, allègrement et sans la moindre gêne, de la sociologie à l’anthropologie et de l’anthropologie à la science politique, s’est reconverti en chroniqueur pour une radio populacière où l’on ne s’exprime qu’en arabe pour ne pas irriter les oreilles des bédouinophones complexés.
Pourtant, on m’a appris à l’université qu’un enseignant-chercheur ne devait passer dans les médias que lorsqu’il avait quelque chose de consistant à proposer aux auditeurs. Par exemple, pour commenter une actualité qui relève stricto sensu de sa discipline, pour parler d’un ouvrage qu’il vient de publier ou d’une enquête à laquelle il a pris part et ce, avec un certain nombre d’analyses et de chiffres à l’appui de sa démonstration… Pas pour commenter un torchon minable rédigé par un autiste bigot, animé par un certain messianisme populiste, identitaire, illuminé et psychorigide et publié quelques heures plus tôt sur internet ! Le rôle d’un universitaire, de renom au surplus, n’est pas de commenter l’actualité à chaud ; ça tourne vite à la blablaterie.
Il n’y a plus de repères dans ce pays de merde !
Pierrot Lefou