Même si je ne l’ai rencontré que très rarement en dehors du virtuel, sa disparition est pour moi une vraie douleur au cœur. Je ne savais pas qu’il était dans l’attente du dernier grand voyage. En réalité, très peu de personnes étaient au courant de la gravité de son état de santé.
Chokri Bouchiha était un de mes meilleurs amis sur Facebook et de profondes affinités intellectuelles nous liaient. Il m’a apporté son soutien tout au long de ces dix dernières années. Choko m’a accompagné quotidiennement dans mon combat pour les libertés et pour la défense de la langue française, une langue qu’il a beaucoup aimée et défendue en même temps qu’il promouvait l’espagnol.
C’était un homme d’une grande courtoisie et d’un niveau intellectuel élevé. Chokri Bouchiha était un parfait polyglotte. Digne de la belle réputation dont il jouissait en tant que professeur d’espagnol au Collège Sadiki, il a initié plusieurs générations à la langue de Cervantes et était l’un des instigateurs du programme en langue espagnole à Rtci. Bon nombre de jeunes tunisiens ont découvert leur vocation à travers ses émissions.
Chokri Bouchiha était d’ici et d’ailleurs. Il s’est toujours émerveillé du charme de la ville de ses aïeux : Teboursouk. C’était aussi un grand voyageur, un impénitent globe-trotter, un homme d’une inépuisable curiosité et d’une rare ouverture d’esprit. Un humaniste. Et il était, avant toutes choses, une personne très élégante tant dans son allure que dans son comportement et sa façon de s’exprimer.
En effet, c’était un homme d’un raffinement rare et exquis, d’autant plus vivement sensible au Beau, à l’art et à l’esthétique, qu’il ne se laissait conquérir que très difficilement. Sur le plan intellectuel et culturel, il était aussi exigeant avec les autres qu’avec lui-même. Tout ce qu’il entreprenait, des choses les plus importantes aux plus infimes, était sculpté avec beaucoup d’élégance et de délicatesse.
C’est la mort d’un homme bon et d’un vrai militant du Beau qui a, tout le long de sa vie, lutté contre l’intolérance, la bêtise, la laideur et la médiocrité sous ses formes. Bon vivant devant l’Eternel, sa bonne humeur et sa joie de vivre étaient contagieuses. Il était d’une amitié sûre et véritablement attachante. Chokri Bouchiha est une belle et noble figure qui laisse derrière lui des camarades affligés et des amis inconsolables. La Grande Faucheuse vient de nous l’enlever.
Je présente mes condoléances les plus attristées à sa sœur, à ses collègues de Rtci et du Collège Sadiki, à ses amis et à tous ceux qui l’ont aimé, à commencer par ma cousine Najoua Chouchane et son amie Leila Mlaïki Abdeljaouad. Adieu, Choko. Adieu, mon ami. Ton visage, ta douceur, ton amitié, le timbre de ta voix magnifique et les belles valeurs pour lesquelles tu t’es battu resteront vivants dans mon cœur et dans mes souvenirs.
Qu’il repose en paix.
Pierrot LeFou