Aujourd’hui 9 novembre 2022 rencontre sur les langues oubliées à la bibliothèque nationale : la rencontre fort intéressante par ailleurs a vu la participation d’intervenants qui ont évoqué la langue amazigh ses origines ses évolutions ses emprunts, et sa progressive disparition si un travail de mémoire et de transcription n’est pas entrepris, le judéo-arabe, le maltais, le sabir, le sicilien. Des langues orales, écrites dont les étudiants ont retrouvé des manuscrits précieux et qui montrent la richesse linguistique de la Tunisie . Cette richesse n’est pas en opposition ni en contraste avec la langue nationale arabe évidemment . Les intervenants linguistes et anthropologues mais aussi écrivains ont fait des interventions savantes mais pour un groupe de personnes qui pendant deux heures ont empêché la tenue du colloque scientifique en confondant la langue judéo-arabe avec idéologie sioniste, la langue française comme expression colonialiste à condamner et à interdire et plus drôle encore c’est que leur violence s’est d’autant plus enflammée lorsqu’ils ont vu qu’à la fin de la journée était prévu la projection du film “Terres promises” de Marcello Bivona et Alfonso Campisi aucune élucidation n’a été possible. Ils ont lu le titre et ont pensé qu’il s’agissait d’un clin d’œil au sionisme!!!! Incroyable mais vrai on a eu beau leur dire qu’il s’agissait d’un documentaire sur les siciliens de Tunisie il n’y a eu rien à faire car s’ils avaient reconnus qu’ils s’étaient trompés de cible,leur mise en scène aurait été un flop. Pourtant on leur a proposé d’assister pour savoir de quoi il s’agissait mais apparement il est plus facile d’accuser d’insulter de condamner que de savoir de quoi l’on parle!
C’est incroyable à la veille du sommet sur la francophonie assister à ce spectacle désolant qui contredit l’esprit de la diversité des langues de la pluralité d’une Tunisie qui de plus se déroule à jerba là où les différentes croyances et langues coexistent pacifiquement mais surtout la liberté du savoir mais y a-t-il connaissance sans liberté ou devons-nous à nouveau condamner Galilée pour hérésie ?
Je rends hommage à la stoïque réaction de la directrice de la bibliothèque nationale, Mme Raja ben Slama qui les a laisse parler disons hurler pendant presque deux heures sans intervenir et qui contribue puissamment à la diffusion des trésors non connus de la bibliothèque .
Qui parle d’identité le couteau entre les dents n’a pas à donner des leçons de démocratie. Personnellement j’ai vécu cette intrusion incompréhensible et injustifiée comme un acte qui m’a étrangement rappelé les descentes musclées des chemises noires dans les lieux de culture il y a 100 ans en Italie . J’en suis fort triste!
Silvia Finzi