L’ultime humiliation pour casser Sonia Dahmani, la faire apparaître comme une prostituée

Il n’y a pas de mots pour qualifier la plus abjecte des tortures morales subies par nos femmes incarcérées . Une insulte à toute la gente, un mépris de l’intelligence et une rage qui n’en finit pas de bouillonner dans les tripes face au silence de tous devant ces dérives surtout qu’elles sont victimes d’accusations aussi farfelues qu’un mot de travers jugé attentatoire à la dignité du pays ou la demande d’une décharge jugée comme une atteinte à la haute sécurité de l’état.

Mais là où tout fout le camp et vous sentir un digne descendant de banou koulayb qui assiste à une scène de lapidation , c’est quand on oblige une femme comme Sonia Dahmani, une femme qui respire la modernité, l’intelligence , la liberté et le militantisme pour les droits des femmes, de se couvrir d’un sefsari . Ultime humiliation pour casser la dame, la faire apparaître comme une prostituée aux yeux d’un public biberonné à gommer les femmes, les effacer, les voiler et les faire disparaître des medias et de la scène politique. Un grand crachat sur Bourguiba, un grand saut en arrière, et une terrible épreuve de Sonia Dahmani qui n’a plus que les yeux pour pleurer sur l’épaule de son papa et l’implorer pour la sortir de cet enfer dans lequel nous plongeons, résignés.

L’agitateur

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L’usage du « sefseri » devant les tribunaux n’a été jusqu’ici pratiqué que pour les détenues impliquées dans des affaires de prostitution, de mœurs, de meurtres ou de délits moraux graves.

C’était appliqué essentiellement pour permettre aux femmes accusées de se protéger des yeux du public.

Les prisonnieres d’opinion et autres militantes politiques se présentent devant les cours de justice fières et à découvert. Elles n’ont honte de rien.

Vouloir les réduire à ce statut est une tentative éhontée et rétrograde de les rabaisser aux yeux de l’opinion publique.

Solidarité avec Sonia Dahmani.

Adnane Belhajamor