Des milliers de membres du groupe chiite armé libanais Hezbollah, dont des combattants et des médecins, ont été gravement blessés ce mardi par l’explosion des pagers qu’ils utilisent pour communiquer.
Opération bipeur. Dans tout le Liban, les sirènes d’ambulances transférant des blessés dans tous les hôpitaux strient l’air comme lors de l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2022. Des milliers de personnes auraient été blessées lors de l’explosion de leur bipeur, ces appareils de communication rudimentaires qui étaient largement utilisés avant la généralisation des téléphones portables. Les membres de la « Résistance », en particulier les combattants du Hezbollah, la milice chiite libanaise, y recourraient depuis plusieurs mois pour éviter l’emploi des réseaux téléphoniques, qu’Israël serait parvenu à infiltrer et pirater.
Le dernier bilan fait état de huit morts et de près de 2750 blessés au Liban et au moins 14 blessés en Syrie. Selon des sources proches du Hezbollah citées par l’AFP, une fillette a été tuée par l’une de ces explosions. L’ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Mojtaba Amani, a quant à lui été blessé. Dans un témoignage publié par le quotidien libanais L’Orient-Le jour, une résidente de la banlieue sud signale qu’un jeune homme était tombé à terre dans sa rue alors que résonnait une détonation comme un coup de feu. « On a cru que quelqu’un lui avait tiré dessus ou qu’il a essayé de se suicider », dit-elle.
Profondes blessures
Des images qui circulent sur les réseaux sociaux montrent des hommes les mains ensanglantées, quand elles ne sont pas amputées. D’autres, à terre, gisent dans leur sang avec de profondes blessures à l’aine ou au dos, selon l’emplacement du bipeur dans les poches de leur pantalon. Selon des témoignages relayés sur les réseaux sociaux, certains propriétaires de ces engins les auraient brusquement sentis chauffer et s’en seraient débarrassés avant qu’ils n’explosent.
Le ministère libanais de la Santé a demandé à tous les hôpitaux de se tenir en état d’alerte maximum afin d’accueillir le plus grand nombre de blessés. Il demande aussi aux citoyens « qui détiennent ce genre d’équipement de s’en éloigner au plus vite et enjoint aux malades non urgents de reporter leur venue à l’hôpital ». À l’AUBMC, le grand hôpital universitaire américain de Beyrouth, les urgences sont d’ores et déjà submergées.
Des explosions signalées en Syrie
L’État hébreu est pointé du doigt, mais n’a pas revendiqué pour l’instant cette attaque massive et coordonnée qui pourrait être le prélude à une plus large opération terrestre. Le Hezbollah, dont les protocoles de sécurité ont visiblement été balayés, n’était dans l’immédiat pas en mesure de communiquer avec certaines de ses troupes.
« En théorie, on peut faire surchauffer la batterie de ces appareils jusqu’à son explosion. Mais c’est du point de vue technique une prouesse extraordinaire », relève un ingénieur informatique libanais, qui dit ne pas comprendre comment celle-ci a pu avoir lieu. Selon l’agence Reuters, l’attaque a porté sur le modèle introduit par le Hezbollah au cours des derniers mois.