La COP29 s’achèvent sur une promesse de 300 milliards de dollars par an, les pays en développement qualifient l’accord d’« insulte »

Les pays riches se sont engagés à contribuer à hauteur d’au moins 300 milliards de dollars par an à la lutte mondiale contre le changement climatique, alors que les négociations de l’ONU sur le climat se sont achevées dimanche matin à Bakou en Azerbaïdjan sur une note controversée. Les pays en développement, qui avaient demandé une aide de plus de 1.000 milliards de dollars, ont qualifié l’accord d’« insulte » et ont affirmé qu’il ne leur donne pas les ressources vitales dont ils ont besoin pour s’attaquer véritablement aux complexités de la crise climatique.

Après deux semaines d’intenses négociations, les délégués à la COP29, officiellement la 29e conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ont convenu de fournir ce financement chaque année, avec un objectif global de financement du climat devant atteindre « au moins 1.300 milliards de dollars d’ici à 2035 ».

Les pays se sont également mis d’accord sur les règles d’un marché mondial du carbone soutenu par les Nations Unies. Ce marché facilitera l’échange de crédits carbone, incitant les pays à réduire leurs émissions et à investir dans des projets respectueux du climat.

Il s’agit là de l’un des principaux sujets abordés lors de la double prolongation du sommet, qui se tient depuis le 12 novembre dans l’immense stade de Bakou, la capitale azerbaïdjanaise. L’extension d’un programme centré sur le genre et le changement climatique en faisait également partie.

Ce sommet avait été baptisé « COP sur le financement du climat », et les représentants de tous les pays cherchaient à établir un nouvel objectif, plus élevé, en matière de financement du climat.

Cet objectif, ou nouvel objectif collectif quantifié (NCQG), remplacera l’objectif actuel de 100 milliards de dollars qui doit expirer en 2025.

Au cours des derniers jours de la COP29, les équipes de négociation des pays développés et en développement étaient dans l’impasse quant à la conclusion d’un accord final. Selon certaines informations, les représentants des pays les moins avancés et de l’Alliance des petits États insulaires (APEI) ont quitté les négociations.

Un résultat plus ambitieux

« J’avais espéré un résultat plus ambitieux – à la fois sur le financement et l’atténuation – pour relever le grand défi auquel nous sommes confrontés », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, réagissant aux résultats et rappelant qu’un accord à la COP29 était absolument essentiel pour maintenir la limite de 1,5 degré C.

Pour le chef de l’ONU cet accord constitue une base sur laquelle construire et a ajouté.

« Il doit être honoré dans son intégralité et dans les délais impartis. Les engagements doivent rapidement se transformer en liquidité. Tous les pays doivent s’unir pour faire en sorte que ce nouvel objectif soit atteint », a affirmé M. Guterres.

Pour de nombreuses nations vulnérables, il s’agit d’une lueur d’espoir, mais seulement si les engagements se traduisent par une action rapide.

« Les engagements doivent rapidement se transformer en espèces sonnantes et trébuchantes », a souligné le Secrétaire général, exhortant tous les pays à travailler ensemble pour atteindre l’extrémité supérieure de ce nouvel objectif financier.

Au-delà du financement, la COP29 s’est appuyée sur les avancées précédentes en matière d’objectifs de réduction des émissions, sur l’accélération de la transition énergétique et sur un accord longtemps attendu sur les marchés du carbone. Ces résultats ont été obtenus malgré un « paysage géopolitique incertain et divisé », qui menaçait de faire dérailler les négociations.

Le chef de l’ONU a félicité les négociateurs d’avoir trouvé un terrain d’entente, notant : « Vous avez montré que le multilatéralisme – centré sur l’Accord de Paris – peut trouver un chemin à travers les questions les plus difficiles. »

Une police d’assurance pour l’humanité

Le Secrétaire exécutif des Nations Unies pour le changement climatique, Simon Stiell, a décrit le nouvel objectif de financement convenu lors de la COP29 comme « une police d’assurance pour l’humanité ».

« Cet accord permettra à l’essor des énergies propres de se poursuivre et de protéger des milliards de vies. Il aidera tous les pays à partager les énormes avantages d’une action climatique audacieuse : plus d’emplois, une croissance plus forte, une énergie moins chère et plus propre pour tous. Mais comme toute police d’assurance, elle ne fonctionne que si les primes sont payées intégralement et à temps ».

Il a reconnu qu’aucun pays n’a obtenu tout ce qu’il voulait et que le monde quitte Bakou avec une montagne de travail à accomplir.

« Ce n’est donc pas le moment de faire des tours de piste. Nous devons nous fixer des objectifs et redoubler d’efforts sur la route qui mène à Belém », dans la région amazonienne du Brésil, qui devrait accueillir la COP30 l’année prochaine.

Un accord faible et insultant

Si certaines délégations ont applaudi l’accord, d’autres, en particulier celles des pays en développement, ont exprimé leur profonde déception face à un objectif de financement « insultant » et au fait que le texte convenu ne s’appuie pas sur un accord adopté l’année dernière appelant les nations à « abandonner les combustibles fossiles ».

Le représentant de l’Inde a vivement dénoncé le nouvel objectif, le qualifiant de « somme dérisoire » et soulignant : « Nous attendons des pays développés qu’ils fassent preuve d’une ambition bien plus grande [et le montant convenu] n’inspire pas confiance quant à notre capacité à nous sortir de ce grave problème qu’est le changement climatique ».

Un représentant d’un groupe de Petits Etats insulaires a déclaré : « Après la fin de la COP29, nous ne pourrons pas nous contenter de naviguer vers le coucher du soleil, car nous sommes littéralement en train de couler. Nous sommes littéralement en train de couler », et les résultats de la conférence ont mis en évidence « la différence de situation entre nos pays vulnérables et les pays développés ».

Le représentant de la Sierra Leone a déclaré que les nations africaines étaient déçues du résultat, qui « signale un manque de bonne volonté de la part des pays développés ». En effet, l’accord de 300 milliards de dollars représente « moins d’un quart de ce que la science montre comme étant nécessaire et à peine suffisant pour éviter une catastrophe climatique ».

Adoptant un ton différent, un représentant de la délégation de l’Union européenne a déclaré que le nouvel objectif de financement de la lutte contre le changement climatique « apportera simplement beaucoup, beaucoup plus d’argent privé sur la table, et c’est ce dont nous avons besoin. Et grâce à ces fonds, nous sommes convaincus que nous atteindrons l’objectif de 1,3 billion de dollars ».

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Source : Nations Unies