Corée du Sud : Une motion de destitution du président va être votée samedi au Parlement

En Corée du Sud, depuis l’annonce de la loi martiale et son retrait, les manifestations se poursuivent dans les rues de Séoul. Aujourd’hui encore, les Sud-Coréens se sont réunis dans le centre-ville pour appeler à la démission du président, visé par une enquête de police pour trahison après son coup de force militaire. Une motion de destitution va également être votée demain au Parlement. Parallèlement, trois hauts gradés de l’armée sud-coréenne ont été suspendus.

Chaque jour, des milliers de Sud-Coréens se réunissent en centre-ville ou devant l’Assemblée nationale pour réclamer la démission du président Yoon Suk-yeol, écrit notre correspondant à Séoul, Celio Fioretti. De plus en plus isolé, il pourrait bien vivre ses dernières heures en tant que chef d’État. Son propre parti a annoncé, ce matin, voter en faveur de la motion de destitution, samedi 7 décembre. Une décision qui intervient après les révélations selon lesquelles le président Yoon aurait ordonné l’arrestation d’opposants mardi soir, y compris au sein de son propre camp.

Suspendu de ses fonctions

Si cette motion est approuvée, M. Yoon sera suspendu de ses fonctions en attendant la validation de sa destitution par la Cour constitutionnelle. Si les juges donnent leur feu vert, une nouvelle élection présidentielle aura lieu sous soixante jours, signale l’AFP. L’intérim serait alors assuré par le Premier ministre Han Duck-soo. M. Yoon, qui a disparu de la scène publique depuis mercredi matin, est par ailleurs visé par une enquête policière pour « rébellion ».

Cette manifestante attend avec impatience le verdict du vote de demain : « Pour samedi, je pense que tout le monde ici n’attend qu’une chose et moi aussi, que le régime de Yoon Suk-yeol s’effondre et qu’il démissionne. C’est la seule solution à cette crise. »

Ce professeur, en grève, est aussi venu participer au rassemblement : « Le président a déclenché un coup d’État, c’est inadmissible. Nous demandons la démission de Yoon Suk-yeol, c’est pourquoi nous sommes là aujourd’hui. Je suis professeur et une partie d’entre nous sommes en grève aujourd’hui pour protester contre le président. Quoi qu’il en soit, depuis le 3 décembre, les citoyens se rassemblent chaque jour, et demain étant le week-end, je pense que davantage de citoyens viendront. Nous allons le faire tomber avec la force du peuple. Tant qu’il détient le pouvoir et s’y accroche par la force, les citoyens devront intervenir eux-mêmes. C’est ainsi que l’histoire de notre pays a été écrite. »

L’armée refusera les nouveaux ordres de Yoon Suk-yeol

Des rumeurs circulent sur un possible retour de la loi martiale pour bloquer le vote de la destitution. « Avec le vote sur la destitution prévu [samedi à 19h (locales), 10h (TU)], les heures qui viennent sont extrêmement dangereuses. Cette nuit sera le moment le plus critique », a dit le chef de l’opposition Lee Jae-myung dans un entretien à l’AFP vendredi. Ses collègues députés vont camper à l’Assemblée jusqu’au moment décisif. Les chefs d’état-major ont indiqué refuser tout nouvel ordre de la part du président pour protéger le pays. Trois hauts gradés de l’armée sud-coréenne ont été suspendus pour leur participation aux opérations pendant l’éphémère loi martiale, a également annoncé, vendredi, le ministère de la Défense. Il s’agit du commandant militaire de Séoul, de celui des forces spéciales et de celui du contre-espionnage, a indiqué le ministère dans un communiqué repris par l’agence de presse française.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est dit « confiant » quant à la « résilience démocratique » de la Corée du Sud, lors d’un premier entretien téléphonique avec son homologue sud-coréen depuis le coup de force du président. M. Blinken « a parlé avec le ministre des Affaires étrangères [Cho Tae-yul, NDLR] […] Il a salué la levée de la loi martiale, exprimé sa confiance quant à la résilience démocratique (de la Corée du Sud) et réaffirmé l’engagement sans faille des États-Unis dans notre alliance », a écrit sur X le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.

À la surprise générale, le président Yoon Suk-yeol avait décrété la loi martiale le mardi 3 décembre au soir et tenté de museler le Parlement, où son camp est minoritaire, en y envoyant l’armée.