On ignore toujours ce qui est advenu du président Bachar al-Assad, qui a fui Damas à l’arrivée des rebelles, son avion a subitement disparu des radars en plein vol. « la plus grande probabilité est qu’il ait été abattu »
Un avion de Syrian Air a décollé de l’aéroport de Damas à peu près au moment où la capitale aurait été prise par les rebelles, selon les données du site web Flightradar. L’avion s’est d’abord dirigé vers la région côtière de la Syrie, fief de la minorité alaouite du clan Assad, puis a fait brusquement demi-tour et a volé dans la direction opposée pendant quelques minutes avant de disparaître de la carte.
L’agence Reuters n’a pas été en mesure de déterminer dans l’immédiat qui se trouvait à bord de l’avion. Deux sources syriennes ont déclaré qu’il y avait une très forte probabilité que Bachar al Assad ait été tué dans un accident d’avion, car la raison pour laquelle l’avion a fait brusquement demi-tour et a disparu de la carte, selon les données du site Flightradar, reste un mystère. « Il a disparu du radar, le transpondeur a peut-être été désactivé, mais je pense que la plus grande probabilité est que l’avion ait été abattu […] », a déclaré une source syrienne sans plus de précisions.
Des inquiétudes malgré la volonté d’organiser des « élections libres »
Alors que les Syriens exprimaient leur joie, le Premier ministre Mohammad Ghazi al Jalali a déclaré que le pays devrait organiser des élections libres afin que les Syriens puissent choisir qui ils veulent. Mais cela nécessiterait une transition en douceur dans un pays où les intérêts sont complexes et divergents, allant des islamistes aux groupes liés aux Etats-Unis, à la Russie et à la Turquie. Mohammad Ghazi al Jalali a également dit avoir été en contact avec le commandant rebelle Abou Mohammed al Golani pour discuter de la manière de gérer la période de transition actuelle, marquant une évolution notable dans les initiatives visant à façonner l’avenir politique de la Syrie.
La Jordanie a affirmé dimanche l’importance de préserver la stabilité et la sécurité de la Syrie, a rapporté l’agence de presse officielle. Le président américain Joe Biden et son équipe suivent les « événements extraordinaires en Syrie » et sont en contact avec les partenaires régionaux, a déclaré la Maison Blanche.
Des pays comme les Emirats arabes unis et l’Égypte, tous deux proches alliés des États-Unis, considèrent les groupes militants islamistes comme une menace existentielle. HTC pourrait donc être confronté à la résistance des puissances régionales. Lors d’une conférence à Manama, Anwar Gargash, conseiller diplomatique de Mohammed ben Zayed Al Nahyane, président des Emirats arabes unis, a déclaré que la principale préoccupation de ce pays était « l’extrémisme et le terrorisme ».
Les alliés de Bachar al-Assad affaiblis
La guerre civile en Syrie, qui a éclaté en 2011 sous la forme d’un soulèvement contre le régime de Bachar al Assad, a entraîné l’intervention de grandes puissances extérieures, créé un espace permettant aux militants djihadistes de préparer des attaques dans le monde entier et provoqué un afflux de millions de réfugiés dans les Etats voisins.
Les lignes de front de la guerre civile en Syrie sont restées inactives pendant des années. Puis des islamistes autrefois affiliés à Al Qaïda sont soudainement entrés en action, posant un défi majeur à Bachar al Assad, qui avait survécu à des années de guerre et d’isolement international avec l’aide de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais. Les alliés de Bachar al Assad étant concentrés sur d’autres conflits et affaiblis par différentes crises, ont laissé le dirigeant syrien à la merci de ses adversaires avec une armée mal préparée à une offensive rebelle.
Israël, qui a considérablement affaibli les groupes soutenus par l’Iran, le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza, devrait se réjouir de la chute de Bachar al Assad. Mais la perspective d’un groupe islamiste au pouvoir en Syrie suscitera probablement des inquiétudes.
Des milliers de prisonniers libérés
Des milliers d’habitants de Homs sont sortis dans les rues après le retrait de l’armée de cette ville du centre du pays, dansant et chantant « Assad est parti, Homs est libre » et « Vive la Syrie et à bas Bachar al Assad ». Les rebelles ont tiré des coups de feu en l’air en signe de célébration et des jeunes ont arraché les affiches du président syrien. La chute de Homs a permis aux insurgés de contrôler le cœur stratégique de la Syrie et un carrefour routier clé, coupant Damas de sa région côtière où la Russie dispose d’une base navale (Tartous) et d’une base aérienne (Hmeimim près de Lattaquié).
La prise de Homs est également un symbole fort du retour spectaculaire du mouvement rebelle. Des pans entiers de Homs ont été détruits par une guerre de siège épuisante entre les rebelles et l’armée il y a plusieurs années. Les combats ont fait reculer les insurgés, qui ont été chassés. Les rebelles ont libéré des milliers de détenus de la prison de la ville. Les forces de sécurité ont quitté précipitamment les lieux après avoir brûlé leurs documents. « Nous assistons à des moments historiques en Syrie avec la chute du régime autoritaire de Damas », a déclaré dimanche le chef des Forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes, Mazloum Abdi, a le réseau X. « Ce changement offre l’opportunité de construire une nouvelle Syrie fondée sur la démocratie et la justice, garantissant les droits de tous les Syriens », a-t-il poursuivi.