La Turquie a convaincu la Russie et l’Iran de ne pas intervenir en Syrie pendant l’offensive des rebelles qui a conduit à la chute de Bachar al-Assad, a affirmé , vendredi 23 décembre , le ministre turc des Affaires étrangères.
« La chose la plus importante à faire était de parler aux Russes et aux Iraniens et d’être sûr qu’ils n’entreraient pas militairement dans l’équation. Nous avons parlé avec les Russes et les Iraniens, ils ont compris », a déclaré Hakan Fidan lors d’un entretien diffusé en direct sur la chaîne privée turque NTV. « Afin qu’il y ait un minimum de pertes en vies humaines, nous nous sommes efforcés d’y parvenir sans effusion de sang en poursuivant des négociations ciblées avec deux acteurs importants capables d’utiliser la force », a-t-il poursuivi.
« L’homme dans lequel ils ont investi n’est pas un homme à investir »
Pour le chef de la diplomatie turque, si Bachar el-Assad avait reçu le soutien de la Russie et de l’Iran, il y avait un risque que « la victoire de l’opposition […] prenne beaucoup de temps et cela aurait été sanglant ». « Mais les Russes et les Iraniens ont vu que ça n’avait plus aucun sens. L’homme dans lequel ils ont investi n’est pas un homme à investir. De plus, les conditions dans la région, ainsi que les conditions mondiales ne sont pas les mêmes », a-t-il précisé.
Lorsque les rebelles dirigées par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ont lancé leur offensive le 27 novembre, Moscou et Téhéran ont d’abord proposé un soutien militaire à Assad pour contenir les rebelles. Mais l’ampleur de l’effondrement des forces d’Assad les a pris par surprise. Et cela s’est produit à un moment où les deux pays étaient aux prises avec leurs propres problèmes : la Russie, embourbée dans la guerre avec l’Ukraine, et les groupes soutenus par l’Iran, dont le Hezbollah libanais, subissaient une raclée majeure de la part d’Israël.
De nombreux pays, notamment dans la région, ont exprimé leurs préoccupations à propos du HTS, qui est né d’une division de la branche syrienne d’Al-Qaïda et est considéré par de nombreux gouvernements occidentaux comme une organisation terroriste. Pour Hakan Fidan, il est « tout à fait normal » d’avoir de telles « inquiétudes » à propos du HTS, qui « doivent être résolues ». « Personne ne les connaît aussi bien que nous, nous voulons une Syrie sans terrorisme […] qui ne représente pas une menace pour les pays de la région », a ajouté Hakan Fidan.
Depuis 2016, la Turquie exerce une influence considérable sur le nord-ouest de la Syrie, entretenant des relations avec le HTS qui contrôlait, avant l’offensive, la majeure partie de la région d’Idleb. Avec des lignes de communication ouvertes avec le HTS, la Turquie leur transmet directement ces inquiétudes, a précisé le ministre. « Nous les transmettons à l’administration de Damas. Nous leur disons : la Turquie qui vous soutient depuis des années, ainsi que le monde, attend ceci de vous […]. Notre devoir et leur épreuve est de répondre à ces préoccupations ».