Cette fin de semaine, l’agence de notation Fitch-BMI a mis à jour ses indicateurs macro-économiques pour les pays du Maghreb, dans un document de 30 pages daté pour avril 2025. Que retenir de ces constats telles pour la Tunisie? Faut-il s’en réjouir ou faut-il s’en inquiéter? Décryptage…
Une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle pour les opérateurs économiques, les acteurs institutionnels et ministères concernés.
La bonne nouvelle, la Banque centrale de Tunisie baisserait sont taux directeur de ¾ de point de base, de 8% à 7,25%, dans les semaines à venir. La moins bonne nouvelle a trait à la hausse prévisionnelle de la dette de 2 milliards de dollars par an, pour 2025, 2026 et 2027.
On reprendra, de manière succincte dans ce qui suit les principaux constats de ce rapport qui vient de paraître en cette fin de semaine.
1- Le Produit Intérieur Brut (PIB) mesure l’ensemble des valeurs ajoutées créées annuellement, par les différents secteurs et régions économiques en Tunisie, atteindra, 55 milliards de dollars US, à la fin de 2025, contre 52 milliards de dollars US en 2024. Soit un taux de croissance réel de 1,2 % pour 2025.
2- Le PIB par habitant atteindra une moyenne de 4382 en $US courants en 2025. La Tunisie dépasse ainsi le PIB moyen observé avant la révolte du jasmin en 2011. Il s’agit de moyenne arithmétique, avec certainement une variance très élevée nécessairement.
3- L’excellente bonne nouvelle vient d’une prédiction menant à la baisse, le taux directeur, le taux d’intérêt, directeur de la banque centrale qui selon Fitch-BMI sera révisé à la baisse de trois quarts de points de base soit, un nouveau taux de sept points 25 % au lieu de 8 % actuellement.
La BCT devrait annoncer très prochainement cette baisse qui est très attendue, devenue incontournable depuis quelques mois.
4- Autre bonne nouvelle, le taux de change du dinar par rapport au dollar américain connaîtra une légère appréciation pour 2025, 2026, 2027. Le dollar qui s’échange actuellement à 3.14 dinars s’échangera pour les mois à venir, à seulement 3.04 ou encore 3.05 dollars.
Cette évolution symbolique pour aider le pouvoir d’achat des citoyens et améliorer la capacité à importer des équipements et des technologies requises pour moderniser les entreprises tunisiennes et améliorer en conséquence une productivité à la peine depuis déjà plusieurs années retour. On peut anticiper aussi une meilleure capacité à rembourser la dette libellée en dollars.
5- Les indicateurs mesurant la balance commerciale, le compte courant et le déficit budgétaire connaîtront aussi des variations favorables à la Tunisie.
6- Une moins bonne nouvelle a trait à la dette qui au lieu de reculer, elle explose de 2 milliards de dollars par an, soit une augmentation géométrique de presque 5% par an. La dette s’incruste donc dans les défis de l’économie tunisienne. Seule consolation, le ratio de la dette par rapport au PIB connaitre à son tours une baisse appréciable, convergeant vers 74%, contre 80% actuellement.
Au total, Fitch-BMI affiche un optimisme prudent pour les grandes évolutions et tendances macro-économiques de la Tunisie.
L’agence attire cependant l’attention sur la vulnérabilité de la Tunisie à des tensions sociales, et incertitudes pouvant faire eclater des troubles à l’ordre public, en lien aux pénuries ou à la persistance d’un chômage endémique qui ne recule pas.
Source : Fitch-BMI et Economics for Tunisia, E4T