Les rebelles houthis du Yémen ont revendiqué lundi 17 mars une seconde attaque en mer Rouge contre le porte-avions américain Harry Truman, après avoir déjà dit l’avoir visé la veille. Face aux tensions en mer Rouge, la Chine a appelé de son côté au « dialogue » et à une désescalade. Le président américain Donald Trump déclare que l’Iran sera « tenu pour responsable de toute attaque des Houthis ». La veille, l’ONU « inquiète » avait demandé aux États-Unis et aux Houthis de cesser les attaques. Selon le porte-parole du ministère de la Santé des Houthis, au moins 53 personnes, dont 5 enfants et deux femmes, ont été tuées et 98 blessées dans les frappes américaines.
« Les forces armées yéménites ont visé, pour la seconde fois en 24 heures, le porte-avions américain USS Harry Truman dans le nord de la mer Rouge, avec de nombreux missiles balistiques et de croisière ainsi qu’avec des drones, dans un engagement qui a duré plusieurs heures », ont annoncé ce lundi les Houthis sur Telegram.
Les Houthis avaient averti qu’ils étaient « prêts à répondre à l’escalade par l’escalade ». Ils affirment avoir tiré 18 missiles et un drone hier contre le porte-avions USS Harry Truman et sa flotte, dans le nord de la mer Rouge, ainsi qu’une nouvelle salve de missiles balistiques et de croisière tôt ce lundi matin. Ils avaient prévenu qu’ils viseraient les navires de marchandises américains en mer Rouge, tant que les États-Unis « poursuivraient leur agression ». Le commandement militaire américain n’a confirmé aucune opération, ni dommage pour l’instant — il s’est borné à dire que ses forces continuent à combattre les « terroristes Houthis soutenus par l’Iran », rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten.
L’attaque de dimanche était annoncée comme une riposte aux frappes menées la veille par les États-Unis et qui ont tué, selon Washington, plusieurs chefs des rebelles yéménites. Washington, de son côté, promet de poursuivre ses frappes au Yémen tant que les rebelles continueront d’attaquer la navigation en mer Rouge, le président américain Donald Trump avertissant qu’il utiliserait une « force létale écrasante ».
Importantes manifestations après les frappes américaines
Suite à l’appel, la veille, du chef des rebelles, Abdel Malek al-Houthi, à manifester, des dizaines de milliers de personnes ont défilé ce lundi au Yémen, deux jours après des frappes américaines meurtrières contre les bastions du mouvement pro-iranien, selon des images diffusées par la télévision houthie.
« Mort à l’Amérique, mort à Israël », scandaient les manifestants réunis dans la capitale Sanaa, tandis que des rassemblements avaient lieu en parallèle à Saadah (nord), fief des rebelles, à Hodeida (ouest), à Dhamar (sud-ouest) et à Amran (ouest), selon Al-Massira TV.
Sur la place Sabine à Sanaa, lieu de grandes manifestations depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre 2023 dans la bande de Gaza, la foule était amassée autour de grands drapeaux yéménites et palestiniens, brandissant des armes, des pancartes, ou des copies du Coran.
« Le Yémen ne reculera jamais […], nous défions les Américains, nous défions les sionistes », criait un homme au micro.
Apaiser les tensions
Pékin a réitéré lundi son appel à une solution diplomatique pour apaiser les tensions. « La Chine s’oppose à toute action qui aggrave la situation en mer Rouge », a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’un point de presse régulier à Pékin. « La situation en mer Rouge et la question yéménite ont des causes complexes et doivent être résolues de manière appropriée par le dialogue », a affirmé Mao Ning. Pékin avait déjà appelé l’an dernier à mettre fin au « harcèlement » des navires civils dans ces eaux, par lesquelles transite une grande partie de son commerce avec l’Union européenne.
Ce dimanche, l’ONU a également demandé aux États-Unis et aux rebelles houthis au Yémen de cesser leurs attaques après une escalade militaire qui « risque d’exacerber les tensions régionales » entre Washington et ce mouvement soutenu par l’Iran, a déclaré le porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres.
« Nous appelons à la plus grande retenue et à la cessation de toutes les activités militaires », a déclaré dans un communiqué Stéphane Dujarric, le porte-parole d’Antonio Guterres. « Toute nouvelle escalade pourrait exacerber les tensions régionales, alimenter des cycles de représailles susceptibles de déstabiliser davantage le Yémen et la région et faire peser de graves risques sur la situation humanitaire déjà désastreuse dans le pays », a-t-il ajouté.
Trump déclare que l’Iran sera «tenu pour responsable» de toute attaque des Houthis
Donald Trump a déclaré lundi que l’Iran sera désormais « tenu pour responsable » de toute attaque des rebelles yéménites houthis, au lendemain de la revendication par ces derniers d’une attaque contre un porte-avions américain en mer Rouge.
« Chaque coup de feu des Houthis sera considéré, à partir de maintenant, comme un coup de feu tiré par des armes iraniennes et les dirigeants de l’Iran, et l’Iran sera tenu pour responsable et en subira les conséquences », lesquelles seront « terribles », a écrit le président américain sur sa plateforme Truth Social.
« Les centaines d’attaques menées par les Houthis, sinistres mafieux et voyous basés au Yémen, détestés par le peuple yéménite, émanent toutes de l’Iran et sont créées par l’Iran », a ajouté Donald Trump. Téhéran dicte les moindres « faits et gestes » des Houthis, à qui elle fournit « des armes, de l’argent et des équipements militaires hautement sophistiqués, et même du soi-disant “renseignement” », a-t-il encore accusé.
Le commerce international durement impacté
Les Houthis, qui contrôlent une grande partie du Yémen, possèdent une forte capacité de nuisance sur le commerce international, car la majorité du flux maritime mondial passe au large de ses côtes. Les attaques ont perturbé le trafic en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, poussant les États-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l’aide du Royaume-Uni.
Membres du dénommé « Axe de la résistance contre Israël », ils ont mené de nombreuses attaques depuis le début de la guerre à Gaza. Après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont mené « en solidarité avec les Palestiniens » plusieurs attaques aux missiles contre Israël et des navires accusés de liens avec Israël. Les attaques ont cessé avec l’entrée en vigueur le 19 janvier d’une trêve à Gaza après quinze mois de guerre destructrice.
Mais après le refus d’Israël de permettre l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, les rebelles ont annoncé le 11 mars leur intention de les reprendre contre des navires de commerce qu’ils estiment liés à Israël, au large du Yémen.