Turquie: les partisans de l’opposant Ekrem Imamoglu tentent de donner un souffle nouveau à la mobilisation.

En Turquie, le chef du Parti républicain du peuple (CHP), principale force de l’opposition, a appelé à un très large rassemblement samedi 29 mars à Istanbul en soutien au maire emprisonné de la ville, Ekrem Imamoglu. Un appel à manifester sur fond d’arrestations massives, puisque environ 1 500 personnes ont été placées en garde à vue depuis le début de la protestation le 19 mars, dont environ 200 emprisonnées à ce jour. Le parti d’Ekrem İmamoglu tente de donner un souffle nouveau à la mobilisation.

Continuer à se faire entendre, au propre comme au figuré : le CHP, le parti d’Ekrem Imamoglu, ne veut surtout pas donner l’impression à ses soutiens comme au pouvoir que la mobilisation s’essouffle.

Mercredi soir a été le premier soir sans grand rassemblement depuis l’arrestation d’Ekrem Imamoglu. Alors le CHP avait demandé, sur les réseaux, que ses soutiens « fassent du bruit » à 20h30. Concert de klaxons, de sifflets, de casseroles… Dans les grandes villes comme Istanbul, Ankara ou Izmir, le mouvement a été plus ou moins suivi selon les quartiers. D’autres rassemblements, de moindre ampleur, avaient lieu au même moment, à l’initiative d’étudiants ou d’autres groupes d’opposition.

Un meeting samedi
L’objectif immédiat, pour le premier parti d’opposition turc, c’est le grand meeting de samedi sur la place de Maltepe, sur la rive asiatique d’Istanbul. Le CHP espère rassembler des centaines de milliers de personnes derrière un seul mot d’ordre : la libération d’Ekrem Imamoglu.

Le pouvoir, de son côté, continue de manier la répression et les menaces. Recep Tayyip Erdogan a clairement laissé entendre mercredi que d’autres opérations étaient à venir. Beaucoup s’attendent à ce que le gouvernement fasse annuler le dernier congrès du CHP et nomme un administrateur à la tête du premier parti d’opposition turc.

Libération de trois journalistes emprisonnés dont un photographe de l’AFP

Le photographe de l’Agence France-Presse Yasin Akgül, arrêté lundi 24 mars par les autorités qui l’accusaient d’avoir participé à une manifestation interdite qu’il couvrait en tant que journaliste à Istanbul, a été remis en liberté ce jeudi 27 mars, a annoncé à l’AFP son avocat. Une décision de remise en liberté a également été prise pour au moins deux des six autres journalistes arrêtés au même motif lundi à Istanbul et également incarcérés, selon l’association turque de défense des droits humains MLSA. Parmi ces deux journalistes figure le photographe Bülent Kiliç, ancien salarié de l’AFP dont le travail a été récompensé par de nombreux prix internationaux. Les journalistes avaient été interpellés lundi 24 mars, à l’aube, à leur domicile, accusés d’avoir participé à des rassemblements interdits par les autorités, confrontées à une vague de manifestations déclenchée le 19 mars par l’arrestation du maire d’opposition d’Istanbul Ekrem Imamoğlu. Leur arrestation et incarcération avait suscité de nombreuses condamnations internationales.