En visite pour deux jours en Égypte, Emmanuel Macron a apporté lundi au Caire son soutien au plan arabe pour Gaza. Le président français s’est dit opposé « fermement aux déplacements de populations » face aux ambitions de Donald Trump, mais il a aussi donné des gages aux États-Unis en rejetant tout rôle futur du Hamas dans le territoire palestinien.
Pas de déplacement des habitants de la bande de Gaza. Emmanuel Macron a apporté, lundi 7 avril au Caire, son soutien au plan arabe pour la petite enclave palestinienne. Lors d’une visite de deux jours en Égypte, le président français s’est dit opposé « fermement aux déplacements de populations » face aux ambitions de Donald Trump. Mais il a aussi rejeté tout rôle futur du Hamas dans le territoire palestinien.
Au côté de son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, Emmanuel Macron a déroulé lundi le volet politique de sa visite, avant un volet humanitaire mardi. « L’Égypte et la France partagent une convergence de vues », a-t-il dit. « Nous condamnons la reprise des frappes israéliennes à Gaza » depuis le 18 mars après deux mois de trêve, a-t-il ajouté, évoquant un « recul dramatique » de la situation.
Tour à tour, les deux dirigeants ont appelé à un « retour immédiat au cessez-le-feu » et à une reprise de l’aide humanitaire pour les 2,4 millions de Gazaouis, dont la quasi-totalité ont été déplacés au moins une fois par les combats dans le territoire assiégé.
Emmanuel Macron a « salué les efforts inlassables déployés par l’Égypte » en tant que comédiateur pour la trêve et la libération des otages encore retenus par le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël.
Le plan arabe, « voie réaliste à la reconstruction de Gaza »
Les présidents français et égyptien, qui s’étaient retrouvés dimanche pour une promenade et un dîner dans le célèbre souk Khan al-Khalili de la capitale égyptienne, ont été rejoints lundi par le roi Abdallah II de Jordanie pour un sommet à trois.
Pour la diplomatie française, c’est une manière d’afficher sa solidarité avec deux pays voisins de la bande de Gaza ébranlés par le projet du président américain. D’autant plus que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, partisan de ce plan, devait être reçu lundi à la Maison Blanche.
Début février, Donald Trump a suscité un tollé international en évoquant une prise de contrôle de la bande de Gaza par les États-Unis pour la reconstruire et en faire la « Côte d’Azur du Moyen-Orient ». Pour cela, ses habitants pourraient être déplacés vers l’Égypte et la Jordanie, qui ont vivement rejeté cette option mais doivent composer avec la pression américaine.
« Nous nous opposons fermement aux déplacements de populations et à toute annexion de Gaza comme de la Cisjordanie », occupée par Israël depuis 1967, a martelé Emmanuel Macron. « Il s’agirait d’une violation du droit international, d’une menace grave pour la sécurité de toute la région, y compris celle d’Israël. »
Il a aussi exprimé le soutien de la France au plan arabe, qualifié de « voie réaliste à la reconstruction de Gaza », conçu comme une réponse au plan Trump. Cette initiative, préparée par l’Égypte, prévoit de ne pas déplacer les Gazaouis.
« Le Hamas ne doit avoir aucune part à cette gouvernance »
Paris estime toutefois qu’il faut « encore renforcer » ce plan, notamment sur la « sécurité » et la « gouvernance » du territoire palestinien, pour rassurer des Américains réticents. Les pays arabes prévoient un retour progressif de l’Autorité palestinienne, au détriment du Hamas qui dirige Gaza depuis 2007.
« Le Hamas ne doit avoir aucune part à cette gouvernance, ne doit plus constituer une menace pour Israël », a insisté Emmanuel Macron, assurant que cette question était à l’ordre du jour de ses entretiens.
Abdel Fattah al-Sissi a, pour sa part, prévenu que « la paix durable et la stabilité permanente au Moyen-Orient seront loin d’être réalisés tant que la cause palestinienne restera sans solution équitable ».
Le président français organise en juin à l’ONU, avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, une conférence sur la solution à deux États, israélien et palestinien. Ce rendez-vous pourrait constituer le « moment opportun » que la France attend pour éventuellement reconnaître un État palestinien, selon des sources diplomatiques.
Macron va plaider mardi pour l’acheminement d’aide humanitaire à Gaza
Mardi, Emmanuel Macron se rendra, accompagné de son homologue égyptien, dans la ville d’Al-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, à 50 km du point de passage de Rafah par lequel est censée transiter l’aide humanitaire – à nouveau stoppée depuis un mois – vers Gaza.
Lors de cette étape hautement symbolique, il appellera à « la réouverture des points de passage pour l’acheminement de fret humanitaire à Gaza », selon la présidence française.
Dans ce port méditerranéen qui sert de base arrière pour l’aide, il va rencontrer des personnels d’ONG françaises, des Nations unies, du Croissant-Rouge égyptien, mais aussi probablement des « bénéficiaires » palestiniens de l’action humanitaire, selon la même source.
Sur le plan bilatéral franco-égyptien, plusieurs accords économiques doivent être signés lundi dans les transports, la santé, les énergies renouvelables ou le domaine universitaire.
Avec agences