L’Union européenne annonce une aide de 1,6 milliard d’euros à l’Autorité palestinienne

L’Union européenne a annoncé lundi 14 avril qu’elle débloquait des fonds à destination des Palestiniens : 1,6 milliard d’euros au total. Cette aide financière a été annoncée dans le cadre d’une réunion entre les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne et le Premier ministre de l’Autorité palestinienne. Cette rencontre intervient alors que le plan arabe pour Gaza prévoit le retour de l’Autorité Palestinienne à Gaza, pour le moment aux mains du Hamas. Alors que l’Autorité Palestinienne tente de plus en plus de se tailler un rôle à jouer dans l’hypothétique après-guerre de Gaza, Human Rights Watch a appelé à la vigilance. Dans un communiqué, l’ONG a alerté sur l’autoritarisme grandissant de l’Autorité palestinienne.

« Pas de chèque en blanc à l’Autorité palestinienne » : c’est le message de Human Rights Watch alors que les ministres des Affaires étrangères européens rencontraient des responsables palestiniens à Luxembourg.

« Vu qu’il s’agit d’un dialogue entre l’Union européenne et l’Autorité palestinienne, on en profite aussi pour mettre le doigt sur la répression accrue exercée par cette dernière contre ses propres citoyens. Il ne s’agit pas de mettre Israël et l’Autorité palestinienne dos à dos en mettant leurs crimes respectifs sur un pied d’égalité. Non, il est important de garder les proportions en tête. Le message de ce communiqué, c’est aussi qu’aucun crime n’en justifie un autre. Ce n’est pas parce qu’Israël commet des actes de génocide et des crimes contre l’humanité que l’Autorité palestinienne doit estimer qu’elle a le champ libre pour torturer et arrêter ses opposants en Cisjordanie », explique Ahmed Benchemsi, l’un des porte-parole de l’ONG.

HRW craint que la répression de l’Autorité palestinienne ne s’accentue en Cisjordanie occupée

Arrestations arbitraires, détentions sans procès, tortures… Alors que les regards sont tournés vers Gaza, Human Rights Watch craint que la répression de l’Autorité alestinienne ne s’accentue encore en Cisjordanie occupée.

« Il y a eu des cas documentés comme le cas de Hamza Zbeidat qui a été arrêté et battu juste parce qu’il a publié sur Facebook un appel à la démission du président Mahmoud Abbas. Dans les derniers mois aussi, nous avons constaté et documenté des raids de sécurité dans les camps de Jénine par l’Autorité palestinienne. Il y a eu onze morts que nous avons relevés », ajoute Ahmed Benchemsi.

Toutes proportions gardées, ce dernier conclut en disant que les Palestiniens sont « doublement opprimés » : par une puissance occupante d’un côté et un régime de plus en plus autoritaire de l’autre. Tous les deux, dit-il, soutenus par l’Union européenne.

L’Union européenne annonce une aide de 1,6 milliard d’euros aux Palestiniens

Plus de la moitié de cette dernière, étalée jusqu’à 2027, est destinée à renforcer l’Autorité palestinienne. Quelque 620 millions d’euros sous forme de dons sont destinés au budget de l’Autorité palestinienne et 576 millions pour des projets économiques en Cisjordanie et à Gaza, une fois que la situation leur permettra, a précisé l’Union européenne.

Les besoins de financement de l’Autorité palestinienne sont estimés à quelque 9 à 12,5 milliards de dollars pour la période 2024-2026, selon un responsable européen. Or, celle-ci ne dispose pratiquement d’aucun revenu, particulièrement depuis que les autorités israéliennes lui refusent le reversement de taxes dûes, notamment au titre de la TVA.

Des prêts à hauteur de 400 millions d’euros, via la Banque européenne d’investissements, sont aussi prévus dans le cadre de cette enveloppe, qui s’étendra jusqu’en 2027. La Commission européenne entend également lancer une plateforme réunissant des donateurs pour mobiliser davantage de fonds en faveur des Palestiniens.

Les Européens veulent renforcer l’Autorité palestinienne dans le cadre de la solution à deux États qu’ils défendent, en dépit de l’opposition d’Israël. Le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa a rencontré lundi après-midi les ministres des 27 pour faire le point sur la situation, mais aussi sur les réformes réclamées par l’Union européenne. À l’issue de ce rendez-vous, Kaja Kallas, « très préoccupée par l’aggravation de la situation » à Gaza, a de nouveau appelé à la reprise des négociations, « seul moyen de mettre fin aux souffrances des deux parties ».

Sa collègue commissaire européenne Dubravka Suica a souligné que le mouvement islamiste Hamas n’avait « pas sa place » dans la solution à deux États que l’Union européenne appelle de ses vœux. « Le partenaire et l’interlocuteur crédible est l’Autorité palestinienne » que l’Europe souhaite « renforcer », a-t-elle dit.

Les Européens avaient annoncé en juillet dernier une aide de 400 millions d’euros en faveur des Palestiniens, conditionnant le déblocage de leur aide supplémentaire à des réformes au sein de l’Autorité palestinienne.