Le meurtrier présumé d’Aboubakar Cissé, tué dans une mosquée du Gard vendredi, s’est rendu dimanche soir dans un commissariat situé dans le centre de l’Italie tard. Plus de 70 policiers et gendarmes français étaient mobilisés depuis vendredi pour le localiser et l’interpeller. Un mandat d’arrêt européen va être émis en vue de son transfèrement en France.
Traqué depuis trois jours, le meurtrier présumé du jeune Malien Aboubakar Cissé, tué vendredi 25 avril dans une mosquée du Gard (sud de la France) s’est rendu dans un commissariat du centre de l’Italie, a annoncé lundi 28 avril à l’AFP le procureur en charge de cette affaire.
Le suspect, « Olivier A. », né à Lyon en 2004 et de nationalité française, « s’est rendu de lui-même dans un commissariat de Pistoia », non loin de Florence, « dimanche vers 23 h », a indiqué lundi à l’AFP le procureur d’Alès, Abdelkrim Grini.
Un juge d’instruction « va être saisi » et un mandat d’arrêt européen émis en vue de son transfèrement en France, une procédure qui pourrait prendre « quelques jours ou quelques semaines », a précisé le procureur d’Alès.
« C’est une très grande satisfaction pour le procureur que je suis. Face à l’efficacité et à la détermination des moyens mis en place, l’auteur n’a eu pour seule issue que de se rendre et c’est la meilleure chose qu’il pouvait faire », a-t-il ajouté.
Sur le réseau X, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a félicité « chaleureusement » les « magistrats et les enquêteurs (qui) ont fait preuve d’une grande détermination et d’un grand professionnalisme qui a permis d’obtenir des résultats dans des temps très courts ».
« La piste de l’acte antimusulman et islamophobe est la piste privilégiée »
Plus de 70 policiers et gendarmes français étaient mobilisés depuis vendredi pour « localiser et interpeller » cet homme considéré comme « potentiellement extrêmement dangereux », selon le procureur.
« Après s’être glorifié de son acte, après l’avoir quasiment revendiqué, il a tenu des propos qui laisseraient penser qu’il entendait commettre encore des faits de même nature », avait-il souligné dimanche.
Dans la vidéo qu’il avait lui-même réalisée vendredi juste après son meurtre, face à sa victime agonisante, le meurtrier se félicitait de son acte et insultait la religion de sa victime: « Je l’ai fait, (…) ton Allah de merde », avait-il répété à deux reprises.
« Je l’ai dit et je le confirme, la piste de l’acte antimusulman et islamophobe est la piste privilégiée », mais le meurtrier avait « peut-être également des motivations de fascination de la mort, d’envie de donner la mort, d’envie aussi d’être considéré comme un tueur en série », a souligné lundi sur BFMTV M. Grini.
Au passage, il a révélé que les enquêteurs savaient « déjà depuis ce week-end » que le meurtrier avait quitté la France et s’était rendu en Italie, et que, pour ce faire, il a « manifestement bénéficié de complicités ».
« Il a été certainement pris en charge par certaines personnes. Est-ce que ce sont des membres de sa famille ? Est-ce que ce sont des amis, pour le moment nous ne savons pas », a-t-il ajouté, en expliquant qu’une des tâches du magistrat instructeur sera plus largement de « déterminer s’il a bénéficié de complicités ou pas ».
Un suspect « sous les radars de la justice »
Les éléments officiellement communiqués sur le suspect, qui a lui-même filmé le meurtre, étaient restés peu nombreux : « Olivier A. » est issu d’une famille bosnienne, sans emploi, avec des attaches dans le Gard.
« C’est quelqu’un qui était resté sous les radars de la justice et des services de police et qui à aucun moment n’avait fait parler de lui jusqu’à ces tragiques événements », avait expliqué dimanche Abdelkrim Grini.
À La Grand-Combe, une marche blanche en souvenir de la victime, Aboubakar Cissé, un Malien d’une vingtaine d’années, a rassemblé plus d’un millier de personnes dimanche après-midi, entre la mosquée Khadidja, où s’est déroulé le drame, et la mairie de cette petite commune de moins de 5 000 habitants au nord d’Alès.
Plusieurs centaines de personnes se sont également rassemblées en début de soirée à Paris, dont le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui a accusé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau de cultiver un « climat islamophobe ».
« Le racisme et la haine en raison de la religion n’auront jamais leur place en France », a assuré dimanche après-midi le président Emmanuel Macron, en adressant « le soutien de la Nation » à la famille de la victime et « à nos compatriotes de confession musulmane ».