Algérie : Vous ne lolerez plus

Puisque un même est un délit alors Mea Culpa j’avoue que j’aime les mèmes .
Lui derrière les barreaux c’est Walid Kechida, il est dans ma liste d’amis, il a l’âge de mon fils et souvent il m’a fait rire, souvent j’ai liké ses insanités, j’ai lolé à ses stupidités, j’ai adoré sa créativité.
Cela fait de moi forcément une complice de sa criminalité .
Je me dénonce avant que les délateurs mesquins gardiens du temple de la bienséance morale et portes-parole de la divinité ne le fassent par pure vilité .

Dans notre jargon les délateurs sont appelés kewadines; adjectif qui écorche certes les oreilles de la chasteté mais bien plus fort et plus adéquat pour décrire le comportement de ces individus serviles, larbins qui surveillent, rapportent leurs trouvailles et jubilent en remuant la queue devant leurs maîtres dans l’espoir d’une petite tape d’approbation pour leur précieuse contribution à la sauvegarde des constantes de la nation et des valeurs de la société.

Les kewadines sont là, ils sont partout, omniscients et omniprésents en Dieux des rapports de mensonges maquillés en vérités; dans le virtuel ce sont les onanistes tapis derrière leurs écrans, dans le réel ce sont vos collègues qui espèrent un échelon, vos voisins envieux qui crèvent de frustration.

Et grâce à cette vermine et aux lois de l’inquisition un mème peut vous envoyer en prison .

Les lois sont faites pour être transgressées et la justice est faite pour être établie selon les circonstances qui atténuent la condamnation, mais attendre une clémence de juges poussiéreux dans leurs robes étriquées qui ne connaissent ni humour moderne ni liberté d’expression c’est ça le véritable blasphème et la pure déraison.

Walid Kechida est dans sa cellule pour un mode d’expression apporté par la mondialisation, mais il reste un pauvre enfant du peuple qui ne possède rien d’autre que son rire qu’on partage ou pas et sa maman.

La kwada est par contre un sport national et ses adeptes ne possèdent ni conscience ni dignité, même pas une reconnaissance de leurs maîtres qui ne leur vouent que mépris de leurs statuts de gueux bêtes et méchants.
Solidaires avec Walid, emmenez nous tous en prison.

Taous Ait Mesghat