Au lieu de morigéner Hichem Mechichi, profitez-en !

Depuis hier soir, le pays entier chante pouilles au chef du gouvernement tunisien. La déclaration qu’il a faite sur France 24 a mis le feu aux poudres. Celle-ci peut prendre l’apparence d’une boutade, mais, en réalité, elle n’en est pas une. Hichem Mechichi s’est servi d’une expression toute faite pour décrire une situation complexe. Comme cette expression était inappropriée, elle a revêtu l’apparence d’une stigmatisation et le chef du gouvernement tunisien a donné l’impression de faire un raccourci scandaleux. Hichem Mechichi s’est avéré être un bon francophone, on sent qu’il prend du plaisir à pratiquer la langue française, mais pas au point d’en maîtriser les subtilités. Dans ces conditions, on n’est pas à l’abri d’une maladresse de langage résultant du manque de pratique.

Une politique d’arabisation tous azimuts a été mise en marche depuis les années cinquante et soixante, les Tunisiens ont fait tout ce qu’il faut pour conférer au français un statut de langue étrangère, au même titre que l’espagnol, le finnois et le mandarin. Maintenant, ils veulent que leur chef de gouvernement, un homme relativement jeune et novice en politique par surcroît, se prête à une interview en langue française avec autant de brio qu’un Hassan II ou un Abdelaziz Bouteflika. Alors, au lieu de morigéner Hichem Mechichi, profitez-en ! La langue française vit ses dernières heures dans la classe politique tunisienne. Dans une ou deux générations, plus aucun dirigeant tunisien ne sera capable de s’exprimer dans la langue de Molière au micro d’un journaliste français. A ce niveau-là, El Hich peut apparaître comme l’un des derniers des Mohicans.

Pierrot LeFou