Le mouton du voisin martèle ses bêlements plaintifs de vieille bête perdue à glisser entre ses excréments sur son dallage marbré. La canicule plombe de tout son poids des rues sales et silencieuses L’odeur de sang frais et de viande fraiche encore fumante, mêlée à l’odeur froide du virus, serpentait au dessus de la foule agglutinée devant des bouchers qui s’affairaient à abattre les dernières bêtes à écouler.
Un sentiment de blues qui te serre la gorge à la veille d’une journée silencieuse et d’une ville morte où roderont quelques apprentis égorgeurs devant des maisons fermées où s’affairent entre leurs murs des maîtres de céans empêtrés à découper et dépuceler une bête lourde à gérer qui n’en finit pas de s’entasser désarticulée, pendant qu’une voix nasillarde, plaintive, obséquieuse, s’échappe du haut de ce minaret qui empêche de voir Dieu. Une sensation presque physique du néant devenu des tripes à laver et des versets à réciter. Un jour sensé être une fête où Dieu semble si absent et si loin, décidé à ne plus jamais revenir sur cette terre parmi ses créatures que lorsqu’ils le penseront autrement .
Fadhi Ch’ghol