Je sors de ma réserve car l’envie de crier est plus forte que jamais et je ne peux plus me taire .
Je vis dans un pays où quand une femme est battue on demande d’abord ce qu’elle a bien pû faire ; où quand une fille est harcelée on pointe du doigt ce qu’elle portait pour plaire ; où le viol est une culture et où la femme est objet de désir mortifère ; où celle qui ose parler est une pute et les putes sont des butins de guerre ; où la victime est coupable d’avoir entaché l’honneur de son père ; où les artistes et journalistes sont condamnés et les criminels ont la grâce salutaire.
Combien de Chaïma ont déchiré le ciel avec leurs cris et arrosé de leur sang cette terre ?
Combien de Chaïma ont été touchées contre leur gré portant les stigmates dans leur chair ?
Combien de Chaïma se sont tues par peur de leurs bourreaux et du courroux de leurs frères ?
Combien de Chaïma faut t’il pour que justice soit faite et que sèchent les yeux des mères ?
Je vis dans un pays où il est plus grave d’être une femme que d’être un monstre sanguinaire et où la société est complice et les autorités démissionnaires .
Triste monde , triste humanité .
Adieu Chaïma
Taous Ait Mezghat