
Essoussi Kamel
Véridique ! Ça se passait au rif dans les années 70. Le vieux paysan avait pour seule richesse une vache à traire pour lui faire du lait et une femme qu’il chevauchait pour lui faire des enfants, tous destinés à tour de rôle journellement pour s’occuper de la vache.
Jusqu’au jour où l’un d’eux , par mégarde, perdit de vue la bête, chercha , fouina, appela. En vain! Affolé, il rentra pleurant dans sa maisonnée de campagne et tout le douar se mit à l’ouvrage pour la retrouver. lorsque l’un des campagnards , à l’oeil perçant comme un aigle, la vit entre deux versants de cette colline verdoyante de Nebr et la ramena à la grande joie de tout le douar qui s’assoupissait souriant…. sauf pour le gamin sur qui se déversait toute la colère du père qui le traitait de bon à rien, de fainéant, d’imbécile , de tête dans les nuages,d’incapable qui ne servait à rien.
L’aube pointait à l’horizon sous les cocoricos et la douceur de l’appel à la prière du sobh, -la mode n’était pas aux hauts parleurs- quand le papa, qui ruminait sa colère depuis la veille alla réveiller l’enfant, décidé à le punir et à s’en débarrasser, l’emmena à l’école perchée là haut du côté de l’autre de la colline entre deux ruisseaux, l’y jetât.
Bref, le gamin s’y mit, s’initia, bachota , mangea à la cantine boublèche, rapporta même son bout de pain et sa boule de fromage ,offert par les USA , partageait ses godasses qu’on lui donnait avec ses frères, révisait sur la lueur du mosbah à l’huile….Il réussit son sixième, ses études secondaires, sa licence en droit, fit une carrière réussie dans une entreprise publique , entrecoupée de brèves descentes dans son patelin pour célébrer la naissance d’une soeur ou d’un frère et partit à la retraite dernièrement avec le titre de Directeur Central .
C’était sous Bourguiba . N’eût été la vache et sa gaffe de l’avoir perdue,…., il n’aurait jamais pris l’ascenceur social que Bourguiba s’était défoncé à installer à chaque coin de la République.
Aujourd’hui , l’ascenceur social est détraqué. En panne! Yaacoubi s’est chargé de démanteler ses boutons. La Nahdha, au nom de l’arabité et de l’islam, a fini par lui couper le courant et la lumière ; J’ai vu hier à la télé un de ses fidèles chargé d’enseignement transcrire au tableau dans un français qui ferait palir Molière d’admiration: « Les enfant prépare ses valise ». Oui ces enfants préparent bien leurs valises. La nahdha et sa recrue se font un malin plaisir à y fourrer des kalchnikovs et quelques sourates de la tawba pour le grand voyage vers Dieu en avions de la Syphax pour faire la chair à canon en Syrie , ou dans les embarcations de fortune vers Lampedusa, pour faire la chair au requin.
Barra allah le trebbohkom
Essoussi Kamel