Face à l’animatrice de la chaîne Tounesna, Mohamed Kouka marchait sur des œufs

Tout à l’heure, sur la chaîne Tounesna, le comédien Mohamed Kouka était aux prises avec l’animatrice de l’émission (l’extrait de la confrontation est disponible ci-dessous). En raison de la désapprobation de son invité quant au port du voile qu’il considère comme une offense faite aux femmes et une atteinte au principe de l’égalité entre les sexes, l’animatrice, habitée par un conformisme intellectuel étroit et paresseux, l’a mis en butte à toute sorte de reproches et de disgrâces. Le discours de cette décérébrée narcissique dégoulinait de morale et de religieusement correct ; elle semblait trouver un malin plaisir à s’adonner aux mièvreries dont la populace raffole.

L’interview s’est transformée en un véritable dialogue de sourds entre ces deux individus qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Mohamed Kouka marchait sur des œufs et se voyait sèchement interrompre au milieu de chaque phrase et l’animatrice était contente d’avoir le beau rôle, celui de la défenseuse des femmes voilées contre le laïcard intolérant et au cerveau « perverti par la philosophie ». Comme tous les défenseurs du voile qui vivent dans des pays qui ne sont pas encore tombés sous la coupe de l’obscurantisme islamique, elle invoquait sans cesse les libertés individuelles : « le port du voile fait partie intégrante des libertés individuelles » répétait-elle inlassablement.

Il faut comprendre que le voile et le libess ech-char’i d’une façon générale n’est pas le produit de la liberté individuelle. Les militants de l’Islam, en particulier les frères musulmans et les salafistes, ont bien compris la faiblesse profonde des sociétés qui se veulent tolérantes et permissives : les libertés individuelles. Au nom de l’individualisme, ils exploitent des libertés qui n’existent pas dans la grande majorité des pays musulmans pour faire entrer des éléments islamiques dans le paysage public ; c’est une volonté de marquer le territoire et de coloniser l’espace visuel. On montre des éléments d’islamité pour dire : « Voilà, la rue tunisienne est islamique ! Elle nous ressemble. » On ne peut parler de « libertés individuelles », alors que l’islam les nie.

En outre, s’emmitoufler d’un voile, notamment lorsqu’il fait 40° degrés à l’ombre, et cacher ses cheveux pour se priver de sa coquetterie ne m’a jamais semblé être un choix personnel qui relève du libre arbitre. C’est plutôt le résultat d’un endoctrinement qui s’exerce sur les jeunes esprits dès leur prime jeunesse et qui se base sur la diabolisation du désir et de la séduction.

A ceux qui avancent l’argument de la liberté individuelle, je réponds toujours : les femmes qui portent le voile ont beau être tolérantes et sympathiques, toujours est-il qu’elles valident une vision de la société qui met la femme dans un état d’infériorisation car ce morceau de tissu symbolise une vision du monde très conservatrice et misogyne. Ainsi, naïvement, les femmes non politisées qui portent le voile par « conviction », ou celles qui voient en lui un simple habit conventionnel qui leur évite de se rendre régulièrement chez le coiffeur, perpétuent le patriarcat et se placent inconsciemment au service du projet islamo-conservateur et d’un obscurantisme moyenâgeux.

Pierrot LeFou