C’est la honte. Toute ma solidarité avec Emna Chargui. J’ai honte en lisant le verdict annoncé, à son encontre, par le tribunal de première instance de Tunis : 6 mois de prison ferme et 2000 DT d’amende. Je me sens bouleversé. Est-ce que je vais continuer à dire et à répéter, avec fierté, comme je l’avais fait durant les 10 dernières années, là où j’étais intervenu, dans les universités de plusieurs pays des 4 continents sur les 5 que compte le monde: Que mon pays, la Tunisie, avait bien connu et vécu une belle révolution qui avait épaté le monde entier en déc. 2010-janvier 2011? J’ai honte, lorsque je me rappelle que les deux filles en niquab, ayant saccagées mon bureau de doyen, détruits et déchirés des documents officiels, le 06 mars 2012 et m’ont traîné devant la justice pendant 07 mois, n’avaient écopées, respectivement, que 4 mois et deux mois de prison avec sursis! Et pourtant, je continuerai à dire et à penser, sans aucune honte, que de nouveaux horizons ont été ouverts pour ma Tunisie, en ce mois de janvier 2011, je dirai aussi que la bataille pour les libertés, toutes les libertés est un combat continu, même lorsqu’un pays fait des avancées sur le plan démocratique, la vigilance doit rester de mise. L’Histoire ne enseigne que les forces conservatrices et régressives ne désarment pas de si vite. Emna, nous serons à nouveau avec devant la cour d’appel, comme nous l’avons été le 28 mai dernier, devant le tribunal de première instance. Jamais, nous te laisserons seule, car ton combat est le nôtre. Ton combat est celui de toutes les Tunisiennes et Tunisiens. Malgré le dégoût et la honte face à ce verdict, nous continuerons à faire confiance à la justice tunisienne, car, comme toutes les institutions de notre Etat tunisien malade et amoindri, par les coups qui lui sont portés, notre justice, lutte, elle aussi, pour sa véritable indépendance et contre toutes les formes de son instrumentalisation et de mise au pas, fomentées par les forces occultes et régressives. Par l’esprit libre de sa jeunesse et par la détermination de ses femmes, la Tunisie des libertés, la Tunisie de la justice indépendante ne se pliera jamais et ne sera jamais vaincue.
Habib Kazdaghli