Fumer et vapoter, ça sera finalement son seul non-choix devant la juge qui allait condamner Emna charki – la fille de sourate el courouna – à 6 mois de prison et une amende . Pour le reste, Emna Charki sait trancher : athée, elle est ; athée, elle le clame; athée elle le crie à la face de son bourreau.
Epaules dénudées arborant fièrement un tatouage , elle a déclaré au journal « Libération » «Cette fois-là, je n’avais vraiment aucune intention de choquer. J’ai partagé parce que je trouvais que c’était drôle.» Pas le procureur, qui la reçoit, quatre jours après la publication, avec six assistants pour la faire craquer, ni la juge qui l’a condamnée ce matin.
Ce qui l’a fait devenir athée ? «Le Coran». A 19 ans, dans l’effervescence de l’après révolution, elle se met à lire le livre saint − «j’étais musulmane, je voulais lire le Coran et les textes explicatifs autour». Et c’est un déferlement d’interrogations : «Pourquoi le Coran dit de ne pas faire de mal quand Dieu peut vouer certains hommes aux flammes éternelles : est-ce que j’ai plus de cœur que Dieu ?» «Pourquoi le Coran ne parle pas des ours : Dieu ne connaît-il pas les pays froids ?» «Lapider pour un adultère, ce n’est pas excessif ?»
Aujourd’hui, Emna charki s’est avancée à la barre, rouge à lèvres pimpant et tête nue, délibérément court-vêtue et soigneusement maquillée,.
La jugesse scrutait furtivement son dossier, Rien de consistant !. Puis elle leva les yeux vers cette safira Emna , insolente de beauté. La fraîcheur de son eau de toilette lui faisait remonter au nez l’odeur des restes de la nuit avec son mâle barbu et l’odeur fétide de son haleine . Sa chevelure noire flottant librement derrière son dos pour épouser le creux de ses hanches lui rappelaient sa mêche crépue rebelle à se terrer sous son foulard et qui prenait un malin plaisir à ressortir s’aérer de derrière son oreille.. Les jambes galbées de Emna qu’embellissaient des talons aiguilles, lui rappela ses talons à elle carrés qui serraient ses doigts de pieds et bombaient le reste.
Le sang de la jugesse n’a fait qu’un tour dans ses veines. la sueur suintait de sous son voile. des gouttelettes dégringolaient comme sur un tobbogan le long de son échine creusée comme un vallon qu’enveloppe une chair immense.
La liberté la narguait. La féminité la défiait, la dévoilait la dénudait. La femme en elle,épanouie lui explosait au visage, l’éclaboussait de son insolence !
– « Foutez là en prison pour 6 mois » criait elle de tout son désespoir de juge prisonnière à la prévenue libre.
Fadhi Ch’ghol