La philosophie , bride sur le cou

Qu’il s’agisse, en l’occurrence, d’un discours politique ou d’une conférence de droit constitutionnel, un désastre dans les deux cas, Il y a quelque chose de sadique à infliger du haut de la fonction présidentielle à son auditoire le supplice Kafkaïen d’une attitude révérencieuse, figée dans une mimique expressive d’éblouissement intellectuel, et, corrélativement, d’une panique intérieure de l’esprit, pour ne pas dire un appel au secours. Les propos erratiques tenus hier à Carthage, dont trop souvent déconfit par leurs pareils et cédant néanmoins à une invitation insistante de mon ami Khelifa Mwedhen, j’ai fini par visionner la vidéo, font planer les incertitudes les plus préoccupantes sur l’avenir d’un pays dirigé par un homme qui confond des notions aussi différentes que la Umma du Coran, communauté des fidèles, la nation, principe moderne, et l’état, entité créée de toutes pièces, mais qui croit déceler des nuances distinctives entre la parenté et la citoyenneté non pas pour traiter de chacune dans le domaine qui lui est propre mais pour opposer l’une à l’autre dans celui d’une vaine rhétorique. A cinq ans, j’étais l’élève de mon père à l’Ecole Franco-Arabe de La Marsa. Le plus naturellement du monde je l’appelais « Monsieur » dans les strictes limites géographiques de l’établissement et « Baba » partout ailleurs. Je découvre aujourd’hui que c’est un gros problème ! Parce que spéculatives, les sciences de philosophie et de droit ont plus besoin que les sciences exactes d’une grande culture et d’une grande rigueur, mais surtout d’humilité.

Absessalem Laarif