La police marocaine agresse deux journalistes

Deux reporters de la chaîne Tamazigh TV ont été agressés par des forces de sécurité : l’une des deux journalistes a été giflée deux fois et le cameraman blessé au bras.

L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a appelé jeudi 7 mai les autorités marocaines à sanctionner des policiers pour « leur comportement inacceptable » après l’agression d’une équipe de télévision locale en reportage dans la région de Rabat. « La crise sanitaire ne doit pas être une occasion pour s’en prendre directement aux journalistes qui tentent de faire leur travail », affirme Souhaieb Khayati, directeur du bureau Afrique du Nord de RSF dans un communiqué.

Les deux reporters de la chaîne Tamazigh TV tournaient un reportage dans un marché local à Tiflet, une ville proche de la capitale, quand « les policiers ont cherché à les intimider », selon ce communiqué. La journaliste Souad Wasef a été giflée par deux fois et poussée par terre par le commandant de la police locale. Le cameraman, Mohamed Bouljihel, a quant à lui été blessé au bras en essayant d’empêcher les forces de l’ordre de confisquer sa caméra, selon la même source.

Ouverture d’une enquête 

Les autorités marocaines ont ouvert une enquête interne visant des agents administratifs locaux et démenti toute implication de la police, après la publication par Reporters sans Frontières (RSF) d’un communiqué dénonçant l’agression de journalistes locaux pendant un reportage. Jeudi, RSF avait appelé les autorités à prendre des sanctions après qu’une équipe de la TV Amazigh a été agressée physiquement et verbalement pendant un tournage sur un marché local à Tiflet, dans la région de Rabat.

Le communiqué publié par RSF dénonçait le « comportement inacceptable » de la police dans cet incident, ce qui a suscité une réaction indignée de la direction de la sûreté marocaine (DGSN).

Les fonctionnaires de la police qui s’efforcent de faciliter le travail des journalistes depuis le début de la pandémie « n’ont effectué aucune intervention » à Tiflet, précise un communiqué de la DGSN.

Ce sont des agents administratifs du ministère de l’Intérieur qui ont bousculé les deux journalistes de la TV Amazigh pour les empêcher de travailler, comme le montre une vidéo de l’incident publiée sur les réseaux sociaux.

Le Syndicat national de la presse marocaine s’est adressé jeudi au ministère de l’Intérieur en lui demandant « d’accélérer les mesures contre cette agression claire contre la liberté de la presse ».

Le ministère a depuis « ouvert une enquête interne pour déterminer les circonstances de l’incident et établir la vérité », a indiqué un porte-parole de l’Intérieur  cité par l’AFP en laissant entendre que des sanctions seraient prises le cas échéant.

Pour sa part, la DGSN a dénoncé avec force les « fausses informations » portant atteinte à la réputation de ses fonctionnaires.

Elle souligne dans un communiqué que ses services « répondaient favorablement à toutes les demandes de tournage formulées par les médias nationaux et internationaux ».

Le Maroc est classé 133e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par Reporters sans frontières.

Le royaume a instauré le 20 mars un état d’urgence sanitaire musclé avec confinement obligatoire, déplacement soumis à permis spécial et port du masque, sous le contrôle étroit des forces de l’ordre massivement déployées sur le terrain. La presse a été dotée de permis spéciaux lui permettant de travailler normalement.

Le Maroc comptait vendredi 5.661 cas officiellement détectés et 185 décès pour environ 55.000 tests menés depuis la mi-mars.

Classé 133e sur 180 pays
Soulignant qu’il s’agit du « premier incident de ce type » pendant la crise sanitaire, RSF proteste contre cette « entrave au travail d’information des journalistes » et demande, « dans un souci d’exemplarité », que les policiers impliqués soient « identifiés et sanctionnés par la justice marocaine ».

Le Maroc est classé 133e sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par Reporters sans frontières. Le royaume a instauré le 20 mars un état d’urgence sanitaire musclé avec confinement obligatoire, déplacement soumis à permis spécial et port du masque, sous le contrôle étroit des forces de l’ordre massivement déployées sur le terrain.

Avec agences