La Saint – Valentin: la fête de l’amour expliquée par les économistes

Le 14 février, et un peu partout dans le monde, on célèbre cette fête de l’amour! On dépense pour offrir des cadeaux pour séduire et courtiser notre partenaire bien-aimé, on investit dans la consolidation de nos liens amoureux, puisque c’est bénéfique pour le bien-être du couple. Une explication économique…

Mais d’abord, rappelons que la célébration de la Saint-Valentin remonte à de vigoureux rituels de fertilité qui datent de la Rome antique. A l’exception de l’Iran qui a interdit toute célébration de la Saint-Valentin en 2011, de peur qu’il ne répande un comportement occidental promiscuité ; dans tous les pays on dépense de plus en plus, lors de cette fête de l’amour, l’événement est s’est démocratisé et est devenu avec le temps, très commercial.

Les preuves d’amour

La National Retail Federation (nrf) prévoit que l’Américain moyen (homme et femme) dépensera 186 $ pour sa Saint-Valentin cette année 2024. Des cadeaux, du chocolat, des fleurs, des bijoux, un restaurant, une sortie dans un hôtel et bien plus.

L’occasion est belle pour se retrouver entre homme et femme (et pas seulement). Pour dire merci, pour dire à l’autre je t’aime avec attention et tendresse. Pour exprimer des sentiments et en insistant : «Je t’apprécie, Tu es important-e- pour moi, Merci pour tout ce que tu fais pour moi, Ta présence avec moi est importante ….me fait beaucoup de bien».

Au delà du plaisir de la célébration et des précieux moments d’affections, , il y a dans cette fête un investissement crucial et insoupçonné.

Capitaliser la confiance mutuelle

Chacun fait de son mieux pour renforcer la confiance de son partenaire et réparer les éventuels malentendus et entorses aux bonnes manières qui survenaient dans la vie de tous les jours.

Le capital de confiance ainsi créé (ou ressourcé) n’est pas une mince affaire! C’est un actif précieux, qui évite que chacune des parties du couple se permettent des écueils ou des écarts qui suscitent des malentendus, des crises de jalousie, et surtout des doutes sur les comportements cachés du partenaire.

Ce capital de confiance réduit l’asymétrie d’information au sein du couple. Et ici, la science économique a mis en relief deux types d’asymétrie d’information.

Réduire l’asymétrie d’information

La première à trait aux comportements cachés des individus et manipulations liées dans les interactions entre les parties prenantes d’une interaction donnée. Techniquement, on parle du risque moral, qui fait que chacun des membres du couple fasse à sa tête, et se permet des écarts, dès que possible.

La deuxième asymétrie a trait aux attributs cachés des services rendus et biens échangés dans la vie de tous les jours. Et au sein du couple d’amoureux, il y a tout une toile d’échange et d’interactions ayant une valeur économique, monétaire et non monétaire. On veut ici éviter la sélection adverse, qui fait souvent que les mauvaises interactions (réflection, services ou attitudes) l’emportent sur les bonnes interactions.

Chacune de ces deux asymétries ont un coût économique qui peut être plus ou moins élevés pour chacun des parties concernées. Cela peut générer une angoisse, un ressentiment ou même des dépenses d’évitement pour de instaurer des mécanises de protection contre les risques. Le pire des pires conséquences, c’est les querelles, les disputes, voire même les procès et dommages de la séparation.

Une assurance contre les risques

Le Saint-Valentin peut constituer aussi une sorte d’assurance tout risque, pour consolider son couple et son « bonheur », contre vent et marée. Contre les risques de la vie, la peur de de l’essoufflement de la flemme de l’amour et du désir mutuel au sein du couple.

L’amour a besoin de « carburants» et preuves tangibles, il n’y pas que les belles paroles et les beaux discours. Il n’y a pas que les apparences physiques, il faut de la sincérité et de la fidélité à tout instant.

Et ici, la réciprocité de la bienveillance entre en jeu. A bien regarder, la Saint-Valentin constitue une sorte d’interaction donnant-donnant.

Le jeu de l’amour

Se faire beau et belle, s’entretenir pour séduire et plaire à au partenaire est signé de bonne santé, c’est aussi une prévue de vie et d’espoir.

Un jeu à répétition, puisque chacun essaie de faire de son mieux, pour séduire l’autre et le rassurer. C’est surtout une occasion pour faire la paix, et éviter d’éventuelles représailles.

La théorie économique connue sous la métaphore de la Théorie des Jeux nous dit que la fête de l’amour renforce l’émergence d’un équilibre durable entre les parties. Un équilibre dynamique, où les choses ne se font pas d’un seul coup, instantanément.

C’est un jeu à répétition, où le future compte, et où l’équilibre dynamique est nécessaire pour maintenir et épanouir la relation amoureuse, affective entre les parties prenantes. Une relation qui s’appuie sur un jeu gagnant-gagnant, avec des calculs et des anticipations sur les comportements et les attitudes du partenaire.

Une fête mercantile ?

Mais beaucoup sont agacés par le fait que la Saint-Valentin est devenue une fête trop commerciale, parfois mercantile.
Ici aussi la théorie économique apporte une explication au sujet de cet aspect commercial, le considérant comme un l’échange volontaire et mutuellement bénéfique entre personnes consentantes est une chose fort positive.

Si la Saint-Valentin nous donne l’occasion de nous remémorer qu’il faut prendre le temps de souligner l’amour que l’on éprouve pour certaines personnes et si, par la même occasion, des fleuristes et des chocolatiers font des affaires d’or, l’activité économique ne peut que s’en réjouir.

Et si l’amour en cause est chancelant ou incertain, et que cela se traduit par une superficialité et des cadeaux de mauvais goûts, des objets peu réfléchis, choisis en dernières minutes de façon froide, automatique et mécanique, alors, ce n’est pas le «commerce» qui est à blâmer. C’est encore fois, les parties prenantes et leurs comportements.

Un « bien de luxe »?

Certes, la célébration de cet événement peut paraître comme un « bien de luxe », dont les dépenses augmentent en fonction du revenu de chacun des membres du couple. Ici aussi, on ne peut que constater que les membres du couple font tout durant cette célébration de montrer une symétrie dans les dépenses engagées et sacrifices engagés envers notre partenaire. Et cela suppose à termes une convergence dans l’appartenance et classes sociales. Mais, les modes de vie collectives et les préférences individuelles comptent. Par exemple, face à cette fête, les attentes des hommes sont souvent différentes de celles des femmes. La place et la force des sentiments est inégalement réparties. Les dimensions matérielles peuvent l’emporter sur les aspects affectif. Et cela dépendra du contexte et des circonstances.

Les dimensions intér temporelles font aussi partie des projets qui naissent de ces agréables moments, pour le futur, pour le meilleur et pour le pire.

A se demander si cette fête n’incarne pas une sorte de démocratisation de l’amour courtois, matériel et immédiat dans nos sociétés avides de bonheurs ? On peut aussi se demander si, à l’autel de l’amour, tout le monde est égal?

Quoi qu’il en soit, la fête de l’amour peut constituer un moment d’apaisement et un levier qui peut réduire les tensions et probablement les risques de séparation, d’infidèles ou carrément de divorces. Et cela améliore le bien-être individuel…et collectif.

Economics for Tunisia, E4T