Le Prix de la littérature arabe 2024, porté par la Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe, a été attribué à l’écrivaine tunisienne Amira Ghenim, pour son roman Le désastre de la maison des notables, traduit de l’arabe par Souad Labbize et publié aux éditions Philippe Rey (collection Barzakh – Khamsa). Ce prix célèbre les contributions significatives à la littérature arabe, mettant en lumière des œuvres remarquables et des voix puissantes issues du monde arabe.
Pierre Leroy, administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère et président du jury du Prix se réjouit que cette nouvelle édition consacre « un roman intense, entremêlant intrigue familiale et grande Histoire, qui dessine le portrait complexe et tout en nuances d’une Tunisie en pleine mutation.
L’ensemble des membres du jury et moi-même saluons par ailleurs la plume unique de l’auteure qui, grâce à un procédé narratif élaboré, a su donner naissance à une œuvre puissante, portée par une nouvelle collection qui met en lumière la littérature arabophone du Maghreb, encore trop souvent privée d’écho en France ».
Jack Lang, Président de l’IMA, souligne « l’importance de faire rayonner la richesse des cultures du monde arabe, dont la littérature et la poésie sont des modes majeurs. Dans le contexte où la traduction des textes arabophones se raréfie, la mise en lumière des auteurs issus du monde arabe est essentielle et ce prix, également porté désormais par la jeunesse, en est le précieux instrument ».
Le désastre de la maison des notables d’Amira Ghenim est un roman choral qui explore plus de cinquante années d’histoire tunisienne, depuis la lutte pour l’indépendance jusqu’à la révolution de 2011. Au cœur d’une Tunisie agitée par des tensions politiques, le livre tisse les trajectoires de deux familles bourgeoises opposées : les Naifer, conservateurs et rigides, face aux Rassaa, progressistes et libéraux.
Au centre de l’intrigue, une nuit décisive à Tunis, où Zbeida Rassaa, jeune mariée à Mohsen Naifer, est suspectée d’avoir une liaison avec Tahar Haddad, un intellectuel engagé et défenseur des droits des femmes, issu d’un milieu modeste. À travers un entrelacement de secrets et de souvenirs, l’œuvre dévoile les conséquences tragiques de cette soirée et, tel un jeu de poupées russes, déplie les récits enchâssés pour révéler ce qui est réellement arrivé à Zbeida Rassaa
« Ce roman glorifie l’empathie. Sans l’empathie des personnages les uns envers les autres, tous les destins auraient pris une tournure encore plus désastreuse […] Il évoque un message très simple : À chacun sa propre vérité, ses souffrances cachées, ses guerres et ses défaites. Mais dans cette solitude affreuse qui est l’essence même de l’être, il n’est pas une douleur ou une joie que l’homme ne puisse partager. » – Amira Ghenim.
Amira Ghenim, née en 1978 à Sousse en Tunisie, est une universitaire et écrivaine reconnue. Agrégée d’arabe et titulaire d’un doctorat en linguistique, elle enseigne à l’université de Sousse. Auteure de plusieurs essais universitaires, elle a également écrit trois romans : Le dossier jaune (2019), Terre ardente (2024), et Le désastre de la maison des notables. Ce dernier, qui est son deuxième roman mais le premier traduit en français, a été finaliste de l’Arab Booker Prize et a remporté le prix Comar d’Or en Tunisie en 2021.
Elle succède à l’écrivain irakien Feurat Alani, lauréat 2023 pour son roman Je me souviens de Falloujah, publié chez JC Lattès.
Le jury du Prix de la littérature arabe est constitué de : Pierre Leroy, Administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère (Président du jury) ; Mahi Binebine, peintre et écrivain ; Mustapha Bouhayati, Directeur de la Fondation Luma à Arles ; Nicolas Carreau, écrivain et chroniqueur littéraire ; Gilles Gauthier, ancien Ambassadeur de France au Yémen, traducteur des livres d’Alaa El Aswany ; Houda Ibrahim, auteure et journaliste à Radio France Internationale (RFI) ; Alexandre Najjar, avocat, écrivain, Grand Prix de la Francophonie 2020 et Nathalie Sfeir, Responsable de rayon à la librairie-boutique de l’IMA.
Ce prix, doté de 10.000 €, est l’une des rares distinctions françaises dédiées à la littérature arabe. Institué en 2013 par l’Institut du monde arabe (IMA) et la Fondation Jean-Luc Lagardère, il vise à valoriser les œuvres d’écrivains membres de la Ligue arabe, écrites ou traduites en français. Ce prix coïncide avec la rentrée littéraire et s’inscrit dans le cadre des efforts continus de l’IMA pour promouvoir la littérature arabe, notamment à travers ses rencontres littéraires.
En 2024, le Prix de la littérature arabe des lycéens, doté de 4000 €, sera également attribué. Ce prix engage les élèves de lycées généraux, technologiques et professionnels de l’Académie de Versailles, qui votent pour leur livre favori parmi une sélection finale. Parallèlement au prix, diverses activités comme des séances de lecture, des ateliers d’écriture et des rencontres avec les auteurs sont organisées, reflétant l’engagement de la Fondation Jean-Luc Lagardère, de l’IMA et de l’Académie de Versailles envers l’interculturalité et l’encouragement des jeunes à explorer la diversité culturelle.
Source : Les univers du livre