14 heures, ciel lourd et lugubre. Salle d’attente mal éclairée et exiguë d’un cabinet de radiologie au milieu de cette banlieue cossue de Tunis….. Et un niqab intégral qui semble occuper tout l’espace, tout ce réduit. Qui semble l’envahir au point de te faire sentir intrus, petit minus violeur à force de promiscuité entre deux mondes: le nu et le caché, l’humain et le divin, le mâle et la femelle.
Des bouts de mains lisses prolongées par des doigts effilés et un orteil rondelet savamment taillé et verni au rouge écarlate perçaient de ce corps énigme. Les vieilles revues qu’on feuillette pudiquement sans s’y attarder ne semblent pas détourner l’esprit fureteur qui gambade à deviner le reste, dénuder cette masse, la tâter, et même se surprendre à y balancer une main fureteuse sur ses rondeurs imprécises.
Mon regard se lève furtif vers cette masse énigme qui me fuit sous son immense voile entretenant les secrets de sa chair, ses os, ses sourires, ses gros yeux larmoyants de sperme peut être et son immense ascendant lui réel sur tout le monde à pouvoir deviner sans qu’on la devine. Je sens son regard peser sur moi comme une masse de plomb. Elle regarde ma gêne, mes yeux, mes tripes.
Je me sentais tout nu devant elle lorsque la demoiselle de service vint à mon secours « Si Fadhi, vous voulez m’accompagner à la porte 3 »?
Fadhi Ch’ghol