Le pire de l’opportunisme, porté aux nues par la société bien pensante de Paris.

Hélé Béji, soeur de Tarak Ben Ammar, associé de Nabil Karoui, qui vient d’être battu aux récentes élections présidentielles tunisiennes, vient de publier en France un court texte, un de plus, un de trop.

Elle est réapparue chez nous à l’immédiat lendemain de la révolution, se pavanant sur les plateaux TV français, « experte » improvisée d’un pays qu’elle ne connaît plus, commentant une révolution qu’elle est incapable de comprendre, pérorant sur le voile et l’islamisme avec une suffisance qui n’a d’égal que son incompétence en la matière.
Déconnectée de la Tunisie, ses prises de positions servent la soupe à un certain lectorat français.Dans l’air du temps, elle ne nous épargne aucun cliché: « islamisme radical », « constat d’échec », « dépression politique », « obscurantisme », « nouvelle croisade »… Rassurez-vous les tunisiens échoueront!
Que Gallimard, au lendemain des élections, ne trouve rien d’autre que cela à publier sur la Tunisie, est bien le signe que la France ne sait plus penser le Maghreb.

Ce pamphlet est obscène et d’un cynisme absolu: qualifier la première expérience démocratique du monde arabe d' »Ingérence démocratique occidentale » est sans doute l’expression d’une immense déception: Si Monsieur Karoui avait remporté les élections présidentielle, cette dame se serait retrouvée dans les coulisses du palais de Carthage, gageons qu’elle aurait alors promis aux tunisiens des lendemains qui chantent. « Dommage » en effet!

Il est utile de rappeler qu’en 2013, quand le parti islamiste Nahdha a pris le pouvoir Hélé Béji s’était fendue d’un commentaire… A la gloire du premier ministre islamiste Hamadi Jebali, qui semblait alors mener un mouvement inexorable et légitimé par les urnes, et qui avait rêvé d’un 6ème califat !

4 ans plus tard Nahdha était battu aux élections et un nouveau président prenait le pouvoir, Beji Caid Essebsi. Et Hélé Béji de nous pondre à la hâte un autre tout petit livre, publié à compte d’auteur cette fois (Gallimard devait alors avoir de meilleurs éditeurs), à la gloire de Caid Essebsi. Vous l’aurez deviné.

Hélé Béji fait partie de la maladie de l’Islam français. Comme les terroristes nés et élevés dans les banlieues françaises, comme les élus qui pensent que le voile est une arme, comme ces millions de français musulmans qui se sentent en danger en France, comme ces mères de familles qui ne peuvent pas accompagner leurs enfants en excursion si elles ont les cheveux couverts, comme Marine et ses acolytes, elle en est un rouage, rouillé, indécent et toxique.

Elle ne concerne pas la Tunisie.

Karim Ben Smail