Arthur Miller situe l’action de sa pièce de théâtre au printemps 1692 à Salem, petite ville a priori sans histoire du Massasuchetts. L’intrigue est historique et met en scène la plupart des personnages qui ont joué un rôle dans le long et pénible procès qui a amené dans la Nouvelle-Angleterre puritaine la condamnation à mort de beaucoup de personnes pour crime d’envoûtement.
L’histoire est toute simple : une servante (Abigaïl Williams) est renvoyée par sa maitresse (Elisabeth Proctor) à cause d’une relation adultère avec son mari (John Proctor). Pour se venger, Abigaïl est prête à tout. Elle s’adonne à la sorcellerie avec d’autres jeunes femmes dans l’espoir de se débarrasser de son ancienne maîtresse et vivre son amour en toute liberté. Elles se font surprendre par le Révérend Parris. Arrêtée, Abigaïl avoue son amour pour John Proctor, son ancien maître, un homme marié.
Les jeunes femmes se mettent d’accord sur une version simplifiée : elles ont vu, senti le diable et savent qui, parmi les villageois, sont ses disciples. Elles dénoncent plusieurs habitants et les accusent de sorcellerie. Abigaïl Williams saisit l’aubaine et dénonce son ancienne maîtresse, Elisabeth Proktor. Tout va alors dégénérer dans le village où la superstition et le puritanisme vont conduire de nombreux habitants à la potence.
Dans cette pièce de théâtre, Arthur Miller ne craint pas de dénoncer les effets de la « terreur légale », les persécutions puritaines, les hystéries collectives, les dénonciations suivies de sanctions frappant des innocents. Les Sorcières de Salem est un cri contre l’aveuglement et l’intolérance. Il s’agit, avant toutes choses, d’une critique acerbe d’une chasse aux sorcières contemporaine d’Arthur Miller : La chasse aux communistes dans l’Amérique des années 1950. Les sorcières de Salem est, en effet, une allégorie du maccarthysme.
Cette pièce montre comment des croyances poussées à l’extrême peuvent déchaîner les instincts les plus bas de la foule et conduire à des comportements collectifs abominables. Les sorcières de Salem a été traduite et adaptée par Marcel Aymé. Elle a également été adaptée au cinéma par Jean-Paul Sartre (dialogues).
Pierrot LeFou
P.-S. : Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n’est pas fortuite.
Les sorcières de Salem (1953)