Tunisie : culture, environnement et société civile dans une convention programme

convention programme tunisie cultureJe resterai, peut-être irrémédiablement, sensible à tout ce qui me paraît se faire dans le sens constructif, même et surtout quand cela vient de ceux qui ont la responsabilité du pouvoir. Je ne peux m’accommoder de cet esprit d’embûche qui s’oppose systématiquement à la direction politique, juste pour se distinguer par l’étiquette contestataire que rien ne convainc.

Dans cet ordre d’idées, et dans la dynamique heureuse et intense des affaires culturelles, j’ai été très sensible à la convention signée dernièrement entre ce ministère, qui semble bouillonner de projet innovants, et le ministère des Affaires locales et de l’Environnement qui ne manque pas d’initiative, dans l’attente du moment nodal que représenteront les prochaines élections municipales, tant attendues. Bien que n’étant pas au su des détails de celle convention, elle m’interpelle d’abord parce que, dans son principe premier, elle s’inscrit dans la cohérence d’une politique de développement intégral, conduite en toute solidarité et en toute complémentarité des différents intervenants. Fini le classique cloisonnement des ministères dans le cocon de leur train-train à la traîne et de leur ronron en catimini. Un slogan semble s’écrire pour édifier l’avenir : A succès pour tous, un travail solidaire.

Sur un autre plan, cette convention m’interpelle encore parce qu’elle concerne deux nerfs moteurs de la société en démocratisation : l’environnement et la société civile.

On le sait, la conscience environnementale est avant tout une question culturelle – une façon d’être et de penser, une vraie philosophie, dirais-je. Je crois donc pressentir dans les plis de cette convention, si ce n’est sur sa façade, l’urgence d’un travail en profondeur qui va se faire sur l’affect et l’intellect des citoyens pour y nourrir de nouvelles mœurs environnementales. Apprendre aux gens à converser intensément et durablement avec l’environnement, voilà un solide pilier de l’avenir d’une société. L’environnement durable, c’est d’abord cela ! Et voilà pourquoi il faut faire de l’environnement une question culturelle dont on se nourrit au quotidien !

D’évidence, d’autres ministères vont se joindre au concert, surtout l’Enfance, la Jeunesse, l’Education, l’Enseignement et la Recherche et pourquoi pas la Diplomatie, car la question environnementale est de plus en plus transnationale.

Quant à la société civile, qui ose aujourd’hui lui nier le rôle déterminant dans le balisage de l’évolution des sociétés et dans l’entretien et la dynamisation de la conscience démocratique et de l’engagement participatif ? Il va sans dire que la société civile n’est pas seulement associative, mais elle l’est au plus haut point. Et de fait l’écrasante majorité des associations est spécialisée dans l’objet culturel. A mon avis, ce n’est pas un hasard ! C’est tout simplement parce que le secteur culturel est celui qui offre le plus de garanties d’indépendance et le moins de tractations suspectes. Souvenons-nous de toutes les associations qui, malgré des objets de hautes valeurs humaines, ont dérapé sous le poids du pouvoir et de l’argent, même de classiques associations environnementales à dimension internationale.

La convention entre le ministère des Affaires Culturelles et celui des Communautés locales et de l’environnement, en dehors de toute ingérence et de toute manipulation politico-politicienne, peut offrir des cadres de partenariat et de coopération à même de redynamiser l’action civile, surtout en matière de citoyenneté culturelle et environnementale et en matière de participation à la démocratisation locale.

C’est à ce genre d’initiative que je sens évoluer la société tunisienne vers la vraie révolution en marche, celle qui change les mentalités, qui adoucit les mœurs dans le sens du développement solidaire et de l’esprit conversationnel plutôt que l’esprit conflictuel.

Il reste cependant à rappeler encore qu’une telle convention a déjà le crédit de la bonne intention, mais qu’à la fin l’évaluation se fera à coup de réalisations tangibles. Mon petit doigt me dit qu’il y en aura de bonnes, en tout cas je l’espère et je ne suis sans doute pas le seul à espérer.

Mansour M’henni