Décembre 2017, la Mission Educative de Tunisie à Paris était sensée, sans un coup de téléphone miraculeux de dernière minute parvenu de Tunis 10 minutes avant la fermeture définitive des bureaux , arrêter le programme d’enseignement de la langue arabe aux petits tunisiens de l’Etranger.Un enseignement qui était assuré depuis l’aube de l’époque Bourguibienne via les ambassades de Tunisie et sous le contrôle du Ministère de l’Education Nationale. Ce programme parait il, était dans la ligne de mire et mal perçu par ceux qui souhaiteraient plutôt orienter les petits tunisiens de l’Etranger vers les Ecoles privées coraniques qui poussent comme des champignons dans les grandes métropoles européennes mais qui n’ont pas le même enseignement ouvert tolérant et modéré que celui de l’Ecole Publique de la République Tunisienne.
Souvenez vous de cette vidéo où Abdelfattah Mourou disait au terroriste Wajdi Gounim que pour changer notre modèle sociétal, ceux qui étaient visés étaient plutôt nos enfants !!!!
Mardi 13 février à la Maison de Tunisie, en remerciant ceux qui m’ont fait l’honneur en m’invitant, j’étais présent pour prendre la parole et argumenter mon « non » à l’arrêt de la mission Educative Tunisienne à l’Etranger.
La mission éducative républicaine devrait au contraire être renforcée car c’est un projet gagnant/gagnant entre une diaspora qui demande ce service qui permet à leurs enfants non seulement l’apprentissage de la langue arabe mais aussi d’acquérir une formation culturelle et civique républicaine qui parle de l’histoire, du présent et du futur du drapeau rouge et blanc étoilé tunisien. Ceci apporte un équilibre aux petits tunisiens qui peuvent s’intégrer dans leurs pays d’accueil sans pour autant perdre leurs repères et leurs âmes. L’intégration dans les pays d’accueil se fait par l’insertion dans la vie active sociale dans le strict respect des lois des pays de séjour mais tout en enrichissant leur culture d’origine par la culture du pays d’accueil.
C’est un projet gagnant/gagnant parce que le pays d’origine aussi a un énorme intérêt à garder le contact avec ses enfants expatriés.
Dans le cadre de la mondialisation les frontières n’ont plus la même signification et l’émigration va continuer rien que pour répondre aux besoins de la mobilité économique.
La citoyenneté extra territoriale aura de plus en plus de poids.
La Nation, y compris pour la Tunisie, n’aura plus ses limites aux frontières géographiques des pays.
Les Etats devront se faire à l’idée d’avoir de plus en plus de leurs ressortissants travaillant à l’Etranger pour des périodes plus ou moins longues. Les nouveaux migrants seront de plus en plus qualifiés et à fort pouvoir d’achat.
Autant de variables que nous ne pouvons pas négliger dans notre réflexion dans la planification stratégique pour nos pays à Moyen et long termes.
Selon une étude récente, la diaspora tunisienne à l’étranger assume un rôle important et grandissant dans l’économie du pays depuis 2011. Les transferts de devises dans le pays par les Tunisiens Résidents à l’Etranger TRE, ont été estimés à près de 2,5 milliards $US en 2016 (l’équivalent de 8 milliards de dinars tunisiens), soit près de 10% du PIB et plus que l’apport en devises du tourisme, des IDE (Investissements Directs Etrangers) et de l’assistance internationale réunis !
L’apport économique brut de la diaspora à l’économie tunisienne serait de 11 à 12% du PIB si on prend en compte les transferts en nature d’équipements durables (machines, camions, tracteurs, outillages de construction, voitures, ordinateurs, logiciels, savoir-faire etc…). Au total, la diaspora injecterait annuellement 13 milliards de dinars dans l’économie du pays. Un apport non négligeable. (Sources données statistiques issues du FMI et de la Banque Mondiale).
Cette étude suggère à nos responsables politiques la nécessité de prendre en considération cette nouvelle donnée de l’économie du pays et met en exergue un enseignement stratégique qui a trait au vieillissement de la diaspora et au risque de voir leurs descendants (2ème et 3ème générations) rompre avec la Tunisie. Si rien n’est fait, les liens économiques avec le pays d’origine et les transferts de fonds associés risquent de tarir rapidement !
Dites non à l’embrigadement de nos enfants. Dites oui à l’Ecole Laïque de la République. Aimez et partagez en masse. Ils n’auront pas nos enfants, la prunelle de nos yeux.
Hakim Tounsi