L’Ukraine appliquera lundi des « mesures de restriction » de consommation d’électricité sur tout son territoire, après une vaste attaque russe qui a fortement endommagé ses infrastructures énergétiques, a annoncé dimanche le gestionnaire du réseau électrique ukrainien Ukrenergo. Dimanche, le réseau énergétique ukrainien a fait face à une nouvelle attaque russe « massive » sur tout le territoire. Des frappes ont fait au moins deux morts et une dizaine de blessés à travers le pays.
Kiev a annoncé, dimanche 17 novembre, que le réseau énergétique ukrainien faisait face à une nouvelle attaque de la Russie. Des frappes ont fait au moins deux morts et une dizaine de blessés à travers le pays.
Une « attaque massive sur le système énergétique est en cours », a prévenu le ministre de l’Énergie, German Galouchtchenko. Les forces russes « attaquent les installations de génération et de transmission d’électricité dans toute l’Ukraine ».
En conséquence, dimanche soir, Kiev a décidé d’appliquera dès lundi des « mesures de restriction » de consommation d’électricité sur tout son territoire, l’attaque russe ayant fortement endommagé ses infrastructures énergétiques, a annoncé dimanche le gestionnaire du réseau électrique ukrainien Ukrenergo.
« Demain 18 novembre, toutes les régions seront contraintes d’appliquer des mesures de restriction de consommation », en raison des « dommages causés aux installations électriques pendant l’attaque massive de missiles et de drones », a écrit l’opérateur sur les réseaux sociaux.
Moscou, en multipliant ses attaques de drones et de missiles, a déjà détruit la moitié de la capacité énergétique de l’Ukraine, selon Kiev. L’opérateur énergétique ukrainien, DTEK, a indiqué que certaines de ses centrales thermiques avaient été « sérieusement endommagées », sans que ces attaques ne fassent de victime.
Le ministre des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, a lui dénoncé « une des plus grandes attaques aériennes » menées par la Russie. Selon le président Volodymyr Zelensky, 120 missiles et 90 drones ont été lancés. La défense antiaérienne ukrainienne est parvenue à détruire 140 de ses cibles, selon lui.
« Coupures d’électricité d’urgence »
Ces frappes se produisent au moment où l’Ukraine, en difficulté sur le front, craint de perdre le précieux soutien américain avec l’arrivée prochaine de Donald Trump à la Maison Blanche.
L’Ukraine, qui combat l’invasion russe à grande échelle depuis bientôt trois ans, est régulièrement confrontée à d’importantes coupures d’électricité, ce qui laisse craindre un hiver rude.
Dimanche, des « coupures d’électricité d’urgence » ont été annoncées à Kiev et sa région, ainsi que dans celles de Donetsk et Dnipropetrovsk, toutes deux dans l’Est, selon l’opérateur DTEK. Le courant a aussi été coupé dans certaines parties d’Odessa, grande ville portuaire du Sud, d’après son maire.
Des « infrastructures essentielles » ou « énergétiques » ont été touchées par des attaques dans les régions de Vinnytsia (centre-ouest), Rivné, Volhynié (Ouest) et Zaporijjia (Sud), ont indiqué les différentes autorités locales.
L’ampleur des dégâts est cependant difficile à estimer pour l’heure. DTEK a pour sa part indiqué qu’il s’agissait de la huitième attaque d’ampleur contre ses centrales cette année.
Kiev exhorte ses partenaires occidentaux à l’aider à reconstruire son réseau électrique, un projet qui requiert d’importants investissements, et à lui fournir plus d’équipements de défense antiaérienne pour contrer les bombardements russes.
Dimanche, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a condamné les frappes russes « inacceptables » à grande échelle qui ont touché dimanche le réseau énergétique ukrainien.
« Les attaques visant des civils et des installations civiles sont prohibées par le droit humanitaire international. De telles attaques sont inacceptables et doivent cesser immédiatement », a déclaré M. Guterres dans un communiqué de son porte-parole.
De son côté, Ursula von der Leyen a assuré qe l’Ukraine « peut compter » sur l’Union européenne après les « horribles » attaques russes.
La « vraie réponse » de Vladimir Poutine
Une frappe de drones a tué deux personnes et en a blessé six autres, dont deux enfants, à Mykolaïv, dans le Sud, selon le service des situations d’urgence.
Le maire de Kiev, Vitali Klitchko, a fait état d’un blessé par la chute d’un fragment de drone sur un immeuble d’habitation. Des photos proposées par l’AFP montrent également les restes d’un missile hypersonique Zircon abattu dans le ciel de Kiev.
Deux autres personnes ont été blessées à Zaporijjia, selon le gouverneur régional Ivan Fedorov. Une personne a aussi été blessée à Dnipro, grande ville de l’Est, a indiqué le gouverneur régional Serguiï Lyssak.
Le ministre Andriï Sybiga a estimé que ces attaques constituaient la « vraie réponse » du président russe Vladimir Poutine aux dirigeants qui l’ont « appelé ou lui ont rendu visite » ces derniers temps.
Kiev s’est agacé vendredi d’un appel téléphonique entre le chancelier allemand Olaf Scholz et Vladimir Poutine, le premier depuis décembre 2022. Parler à Vladimir Poutine « ouvre la boîte de Pandore », avait fustigé Volodymyr Zelensky.
« Personne n’arrêtera Poutine avec des appels téléphoniques »
Réagissant à nouveau dimanche à cette affaire, le Premier ministre polonais Donald Tusk a estimé qu’aucun appel téléphonique n’était en mesure d’arrêter l’agression russe en Ukraine. « Personne n’arrêtera Poutine avec des appels téléphoniques », a-t-il écrit sur X. « L’attaque [russe] de la nuit dernière, l’une des plus importantes de cette guerre, a prouvé que la diplomatie par téléphone ne peut remplacer un réel soutien de l’ensemble de l’Occident à l’Ukraine », a-t-il souligné.
Le chancelier Olaf Scholz s’est pour sa part défendu de son appel téléphonique en réaffirmant dimanche le soutien sans faille de l’Allemagne à l’Ukraine, assurant qu’aucune décision sur l’issue de la guerre ne serait prise sans Kiev. « C’était important de lui dire qu’il ne doit pas compter sur le fait que le soutien de l’Allemagne, de l’Europe et de beaucoup d’autres dans le monde pour l’Ukraine va s’affaiblir », a expliqué dimanche le dirigeant allemand.
Avant cela, le président russe avait réuni autour de lui en Russie des dirigeants mondiaux, notamment le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, pour le sommet des Brics.
La récente victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine a relancé le débat sur d’éventuelles négociations entre Moscou et Kiev. Samedi, Volodymyr Zelensky, qui avait longtemps balayé cette option, a affirmé vouloir obtenir la fin de la guerre dans son pays en 2025 par « des moyens diplomatiques ».
Les positions russes et ukrainiennes restent néanmoins opposées : Kiev exclut la cession des territoires occupés par l’armée russe, tandis que Moscou la pose comme condition.
L’armée polonaise a par ailleurs annoncé dimanche avoir fait décoller des avions de chasse et mobilisé « toutes les forces et ressources disponibles » pour protéger son territoire pendant l’attaque russe nocturne en Ukraine. Varsovie met en alerte ses forces armées dès que des attaques contre ce pays voisin sont jugés susceptibles de créer un danger pour son propre territoire.
Avec agences