Le réseau énergétique ukrainien, déjà très fragile, a fait face, ce dimanche 17 novembre, à une nouvelle attaque russe « massive », ont annoncé les autorités nationales. Ces bombardements ont fait des morts et des blessés à travers tout le pays.
En Ukraine, ce dimanche 17 novembre, une « attaque massive sur le système énergétique est en cours », a prévenu le ministre de l’Energie German Galouchtchenko. Selon le président Volodymyr Zelensky, 120 missiles et 90 drones ont été lancés. La défense antiaérienne est parvenue à détruire 140 de ces cibles, selon lui. Les forces russes « attaquent les installations de génération et de transmission d’électricité dans toute l’Ukraine », a-t-il ajouté. Ces attaques ont été précédées par des semaines d’envoi de drones kamikazes destinés principalement à épuiser la défense du pays en prévision d’attaques comme ce que nous venons de vivre, c’est-à-dire des frappes combinées de drones et de missiles lancées depuis la mer Noire, le territoire russe et depuis les airs, écrit notre correspondante à Kiev, Emmanuelle Chaze. Moscou, en multipliant ses attaques, a déjà détruit la moitié de la capacité énergétique de l’Ukraine, selon Kiev. L’opérateur énergétique ukrainien, DTEK, a indiqué que certaines de ses centrales thermiques avaient été « sérieusement endommagées », sans faire de victime. L’ampleur des dégâts est cependant difficile à estimer.
« Une des plus grandes attaques aériennes »
Le ministre des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, a dénoncé « une des plus grandes attaques aériennes » lancées par la Russie. Ces frappes se produisent au moment où l’Ukraine, en difficulté sur le front, craint de perdre le précieux soutien américain avec l’arrivée prochaine de Donald Trump à la Maison Blanche. Le pays, qui combat l’invasion russe depuis bientôt trois ans, est régulièrement confrontée à d’importantes coupures d’électricité, ce qui laisse craindre un hiver rude.
Dimanche, des « coupures d’électricité d’urgence » ont été annoncées à Kiev et sa région, où l’alerte a duré cinq heures, ainsi que dans celles de Donetsk et Dnipropetrovsk, toutes deux dans l’est, selon l’opérateur DTEK. Le courant a aussi été coupé dans certaines parties d’Odessa, grande vile portuaire du sud, d’après son maire. Des « infrastructures essentielles » ou « énergétiques » ont été touchées par des attaques dans les régions de Vinnytsia (centre-ouest), Rivné, Volhynié (ouest) et Zaporijjia (sud), ont indiqué les différentes autorités locales. DTEK a indiqué qu’il s’agissait de la huitième attaque d’ampleur contre ses centrales cette année. Kiev exhorte ses partenaires occidentaux à l’aider à reconstruire son réseau électrique, un projet qui requiert d’importants investissements, et à lui fournir plus d’équipements de défense antiaérienne pour contrer les bombardements russes.
Les missiles ont atteint la Transcarpatie
Au total, différents types d’attaques russes contre le pays durant la nuit et la matinée ont fait huit morts et une vingtaine de blessés, d’après les autorités locales. Parmi eux, il y a deux employés de la compagnie publique des chemins de fer Ukrzaliznytsia qui ont été tués lors du bombardement d’un dépôt à Nikopol (sud), et trois ont été blessés, a annoncé l’entreprise. Une femme a été tuée et deux personnes ont été blessées par une attaque contre la région de Lviv, située dans l’ouest et plus rarement ciblée, a annoncé le chef de l’administration militaire, Maksym Kozytsky. Deux personnes ont également été tuées, et un adolescent de 17 ans blessé, à Odessa, d’après le gouverneur Oleg Kiper. Une frappe de drones a tué deux personnes et blessé six autres, dont deux enfants, à Mykolaïv, dans le sud, selon le service des situations d’urgence. Deux autres personnes ont été blessées à Kiev, la capitale, lors d’une attaque contre un immeuble résidentiel, selon le ministère de l’Intérieur. Plusieurs personnes ont aussi été blessées dans des attaques distinctes à Dnipro (est), ainsi que dans les régions de Poltava (centre), Zaporijjia et Kherson (sud). Des missiles et drones russes ont même atteint la Transcarpatie, région très rarement ciblée à l’extrême ouest du pays, bien loin du front et frontalière notamment de la Pologne et de la Hongrie.
Le ministre Andriï Sybiga a estimé que ces attaques constituaient la « vraie réponse » du président russe Vladimir Poutine aux dirigeants qui l’ont « appelé ou lui ont rendu visite » ces derniers temps. Kiev s’est agacé, le 15 novembre, d’un appel téléphonique entre le chancelier allemand Olaf Scholz et Vladimir Poutine, le premier depuis décembre 2022. Parler à Vladimir Poutine « ouvre la boîte de Pandore », avait alors fustigé Volodymyr Zelensky.
Devant l’ampleur de l’attaque russe, l’armée polonaise a annoncé avoir fait décoller des avions de chasse et mobilisé « toutes les forces et ressources disponibles » pour protéger son territoire pendant l’attaque russe nocturne en Ukraine. Varsovie met en alerte ses forces armées dès que des attaques contre ce pays voisin sont jugés susceptibles de créer un danger pour son propre territoire.
Avec agences