CORONAVIRUS : catastrophe du triage en catastrophe

Lorsque les services de réanimation des hôpitaux sont saturés…
Lorsque s’installe la pénurie de matériel médical ou de personnel qualifié…
On cherche à sauver le plus de vies possibles…
Plutôt que les patients les plus gravement atteints.
Trop âgés, trop malades… disqualifiés !
Il est alors « normal » (ou pas « scandaleusement anormal ») de mourir.
Le principe du «premier arrivé premier servi» ne vaut plus.

À l’hôpital Emile-Muller, face à une déferlante de patients qui arrivent à Mulhouse, l’un des foyers les plus importants de l’épidémie de coronavirus en France, on a dû se résoudre à cette douloureuse sélection…
Comme en médecine de guerre !

Face au coronavirus, le Grand Est et ses hôpitaux « saturés », dans une situation « alarmante »

Face au coronavirus, le Grand Est et ses hôpitaux « saturés »

L’armée au secours de Mulhouse. Six patients de l’hôpital de la métropole du Haut-Rhin contaminés par le coronavirus doivent être évacués ce mercredi 18 mars par avion militaire, une première alors que les unités de réanimation sont déjà “saturées”.

Ces malades rejoindront Toulon (Var) à bord d’un quadrimoteur du Service de santé des armées (SSA) équipé de “six cellules de réanimation”, a indiqué mardi à l’AFP le Dr Marc Noizet, chef du service des urgences de l’hôpital haut-rhinois, soumis à très rude épreuve depuis le début de la crise du coronavirus.

C’est un “dispositif d’exception”, “je pense que c’est la première en France, je ne connais pas de situation sanitaire qui ait nécessité qu’on déplace (autant de) malades de réanimation d’un bout à l’autre de la région et de la France”, a souligné le Dr Noizet, dont neuf patients ont d’ores et déjà été évacués mardi par des hélicoptères civils vers des hôpitaux voisins moins engorgés.

Un hôpital militaire de campagne bientôt déployé

La décision de faire intervenir un avion militaire a été “prise (lundi) soir” par le gouvernement, a-t-il précisé, alors que le ministère des Armées avait évoqué le déploiement du module de réanimation “Morphée” permettant de transporter “entre six et douze patients”.

“L’armée est sollicitée pour pouvoir transporter des malades depuis les zones où le système de santé est très contraint vers des zones où il a plus de capacités à accueillir, c’est évidemment une aide précieuse”, a commenté sur France 2 mardi soir le Premier ministre Édouard Philippe.

Un appui de l’armée qui précède le déploiement prochain en Alsace, annoncé lundi soir par Emmanuel Macron, d’un hôpital militaire de campagne qui, selon le ministère des Armées, disposera de 30 lits de réanimation. Cet “hôpital de campagne, comme on dit, sera installé en Alsace, à Mulhouse”, a précisé Édouard Philippe, sans donner la date de son installation.

Les hôpitaux proches de la rupture

Ces mesures visent à affronter une situation de crise sanitaire aiguë dans le Haut-Rhin: foyer majeur de la maladie depuis un grand rassemblement évangélique fin février à Mulhouse, le département avait enregistré 30 décès lundi. 700 personnes y ont été contaminées par le coronavirus, selon le dernier bilan communiqué mardi soir par l’Agence régionale de santé (ARS).

Avec “un nombre de personnes contaminées qui ne cesse de croître chaque jour”, les capacités en réanimation des hôpitaux haut-rhinois sont “saturées” et “très largement occupées dans le Bas-Rhin” voisin, les deux départements du Grand Est les plus touchés par l’épidémie, a prévenu mardi matin sur France Inter la préfète du Grand Est Josiane Chevalier.

Un constat confirmé par les derniers chiffres de l’ARS: avec 1820 personnes infectées par le Covid-19 et 61 décès, soit dix de plus en 24 heures, la région est l’une des plus touchées en France où l’on a décompté un total de 7730 cas et 175 décès.

“Cinq départements (Haut-Rhin, Bas-Rhin, Moselle, Meurthe-et-Moselle et Vosges) ont dépassé le seuil épidémique. Le virus y circule activement dans la population”, constate l’ARS, estimant que “la situation s’aggrave”.

Si les hôpitaux du Haut-Rhin sont proches de la rupture, la situation se complique également dans le Bas-Rhin voisin, avec 376 cas de Covid-19 confirmés. 160 sont hospitalisés à Strasbourg, dont 61 en réanimation, a indiqué à l’AFP Christophe Gautier, directeur général des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS).

Douze décès liés au coronavirus ont endeuillé l’établissement, selon Christophe Gautier. “Nous sommes face à un phénomène inédit qui amène un besoin en réanimation important”, notamment en “réanimation lourde”, a-t-il souligné.

“111 membres du personnel” contaminés à Strasbourg

“Le bilan est lourd” et “alarmant”, a confirmé Josiane Chevalier à l’AFP. Les hôpitaux alsaciens manquent de lits, de masques, de respirateurs et de personnel, a averti la préfète.

“Les rassemblements familiaux, amicaux doivent cesser”, a-t-elle martelé, au lendemain de l’annonce par le président Emmanuel Macron d’une mesure de confinement généralisée de la population française pour au moins deux semaines. “C’est une situation de guerre sanitaire”, a estimé Josiane Chevalier. Car partout ailleurs dans le Grand Est, l’épidémie gagne du terrain, notamment en Moselle, où 295 personnes sont infectées, selon l’ARS.

“C’est de la médecine de catastrophe”, a témoigné auprès de l’AFP le Dr Emmanuelle Seris, cheffe des urgences de Sarreguemines (Moselle) elle-même contaminée par le Covid-19 et confinée chez elle depuis trois jours.

Une situation compliquée encore par les arrêts maladie des soignants qui, à l’image d’Emmanuelle Seris, sont infectés par un virus dont les premiers symptômes, parfois proches d’une pharyngite, peuvent même tromper les professionnels de santé, a-t-elle relevé.

À Strasbourg, “111 membres du personnel” sont actuellement contaminés, un chiffre “qui progressera”, même si “on n’est pas sur une contamination massive de nos équipes”, a relativisé Christophe Gautier.