Avec cette mesure, le président américain vise notamment l’Union européenne, qui exporte énormément de voitures aux États-Unis.
Une épée de Damoclès plane au-dessus du Vieux continent. Après l’acier et l’aluminium, et en attendant le bois de construction ou le cuivre, le président américain Donald Trump a ajouté ce mercredi 26 mars un nouveau secteur d’activité à sa liste, en annonçant 25 % de droits de douane supplémentaires sur le secteur automobile. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a mis en garde que les consommateurs « tant aux États-Unis que dans l’Union européenne », allaient payer le prix de cette mesure.
Ces taxes s’appliqueront à « toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux États-Unis », a assuré le président américain depuis la Maison Blanche, ajoutant qu’elles entreront en vigueur « le 2 avril et nous commencerons à les collecter le 3 ». « Nous allons faire payer les pays qui font des affaires dans notre pays et prennent notre richesse (…) », a martelé le républicain.
« Ceci vient s’ajouter aux droits de douane déjà existants sur ces biens », a précisé l’un de ses conseillers. Le taux jusqu’ici appliqué était de 2,5 %. Cela signifie que les voitures importées seront désormais taxées à 27,5 % de leur valeur.
Gros client de l’Europe
Avec cette mesure, Donald Trump vise notamment l’Europe, et surtout l’Allemagne et son industrie automobile florissante, rappelle Le Figaro. L’Union européenne exporte en effet énormément de voitures aux États-Unis, Washington est même son premier client en valeur avec près de 25 % des exportations européennes de voitures dirigées vers les États-Unis, selon les chiffres de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA).
La Tribune précise que l’Europe exporte environ 640 000 voitures vers les États-Unis et ces dernières proviennent en particulier de quatre constructeurs automobiles : Volkswagen, BMW, Mercedes, ainsi que Stellantis.
D’où la crainte de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui a dit ce mercredi soir « regretter profondément la décision américaine », ajoutant que l’UE « continuera à chercher des solutions négociées » avec les États-Unis.
Ursula von der Leyen a poursuivi que l’UE allait « évaluer cette annonce », en même temps que les autres mesures envisagées par Washington dans les prochains jours. « Comme je l’ai déjà dit, les droits de douane sont des taxes, mauvaises pour les affaires, pires pour les consommateurs, tant aux États-Unis que dans l’Union européenne », a-t-elle encore affirmé.
Colère du Premier ministre canadien
Outre l’Europe, d’autres pays font être frappés de plein fouet. Si les droits de douane sur les produits canadiens ou mexicains, actuellement suspendus, sont de nouveaux appliqués, les voitures provenant de ces pays pourraient être taxées à 50 %.
Le Premier ministre canadien, Mark Carney, a dénoncé « une attaque directe contre les travailleurs canadiens », assurant que « nous (les) défendrons, nous défendrons nos industries, nous défendrons notre pays. »
Washington ne le cache d’ailleurs pas, ces droits de douane visent en premier lieu « nos amis », qui ont « abusé de nous ». « L’approche stratégique que l’Allemagne ou du Japon utilisent pour affaiblir notre industrie automobile est qu’ils se réservent la fabrication des pièces à valeur ajoutée et les meilleurs salaires pour leurs travailleurs. Par exemple seuls 19 % des moteurs des voitures vendus aux États-Unis sont fabriqués ici », a dénoncé le conseiller au commerce de Donald Trump, Peter Navarro.
Après l’annonce du président américain, les géants japonais et sud-coréens de l’automobile, Toyota, Mitsubishi, Nissan, Honda et Hyundai, ont vu leurs titres plonger de plus de 3 % jeudi à l’ouverture des Bourses de Tokyo et de Séoul.
Les britanniques réagissent
Le projet des Etats-Unis d’imposer de nouveaux droits de douane sur les voitures importées est décevant, a déclaré mercredi soir l’une des principales associations professionnelles du secteur automobile britannique.
L’annonce « n’est pas surprenante mais néanmoins décevante si, comme cela semble probable, des droits de douane supplémentaires doivent s’appliquer aux voitures fabriquées au Royaume-Uni », a déploré Mike Hawes, directeur général de la Society of Motor Manufacturers and Traders (SMMT), dans un communiqué.
Les remarques de M. Hawes sont intervenues alors que le président américain Donald Trump a signé mercredi un décret imposant des droits de douane de 25% sur les importations d’automobiles, qui entreront en vigueur le 2 avril.
Notant que les industries automobiles américaine et britannique entretiennent depuis longtemps des relations productives, M. Hawes a appelé les deux parties à « se réunir immédiatement et à conclure un accord acceptable pour tout le monde ».
« Plutôt que d’imposer des droits de douane supplémentaires, nous devrions explorer les possibilités de créer des occasions pour les fabricants britanniques et américains dans le cadre d’une relation mutuellement bénéfique, profitant aux consommateurs et générant des emplois et de la croissance de part et d’autre de l’Atlantique », a-t-il estimé.
Les Etats-Unis sont le deuxième plus grand marché pour les constructeurs automobiles britanniques, a rappelé la SMMT.
Le Japon envisage une réponse appropriée
Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a déclaré jeudi que le Japon envisagerait une réponse appropriée contre les droits de douane américains sur les automobiles importées, promettant que toutes les options sont sur la table.
M. Ishiba a fait cette déclaration en réponse à une question de la commission du Budget de la Chambre des conseillers concernant l’annonce du président américain Donald Trump d’imposer des droits de douane supplémentaires de 25% sur les automobiles importées le mois prochain.
« Nous demandons résolument aux Etats-Unis de ne pas appliquer ces droits de douane de 25% au Japon », a déclaré M. Ishiba.
Invoquant la contribution du Japon à l’économie américaine par le biais des investissements et de la création d’emplois, M. Ishiba a mis en doute l’équité d’une augmentation uniforme des droits de douane pour tous les pays.
Le gouvernement américain devrait commencer à percevoir les nouveaux droits de douane la semaine prochaine, les composants automobiles clés, tels que les moteurs, étant également inclus dans leur champ d’application.