Facebook a rejoint , vendredi 7 juin, les nombreuses entreprises technologiques contraintes de couper tout ou partie de leurs liens avec le chinois Huawei devenue bête noire de Washington: les nouveaux smartphones du géant asiatique vont être privés des applications du premier réseau social du monde.
Le réseau social « Facebook » a indiqué que l’accord avec le géant chinois « Huawei », qui permettait jusqu’ici au groupe chinois d’installer par défaut les applications Facebook sur ses smartphones, était terminé.
Après Google, c’est au tour de Facebook de prendre ses distances avec Huawei, à la suite des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. D’après Reuters, Facebook n’autorise plus Huawei à préinstaller ses diverses applications (Facebook, Messenger, Instagram et WhatsApp) sur ses terminaux. Jusqu’alors, les clients de Huawei avaient accès à ces services dès le premier allumage de leur smartphone, sans avoir besoin de les télécharger.
Pour Huawei, cette annonce est un nouveau coup dur: sans nouvelles négociations entre Américains et Chinois, ses prochains smartphones ne pourront bénéficier des applications fournies par Google, dont le Play Store, qui permet de télécharger toutes les autres. Si la situation n’évolue pas, les smartphones Huawei n’offriront plus aucune possibilité pour accéder à Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp, à moins de passer par des sites non-officiels.
Les appareils existants ne sont pas concernés
Les utilisateurs actuels d’appareils de la marque chinoise, comme ceux qui achèteront les produits déjà en boutique, n’ont en revanche pas d’inquiétude à avoir. Après que Huawei France a confirmé que les mises à jour de sécurité et le service après-vente ne seraient pas touchés, Facebook assure à l’agence Reuters que toutes ses applications continueront à fonctionner normalement sur les modèles existants. Elles profiteront par ailleurs de toutes les mises à jour.
Facebook n’est pas la seule entreprise à avoir noué un tel partenariat avec Huawei. Twitter et Booking sont également installés par défaut sur les mobiles fabriqués par l’entreprise. Pour l’heure, aucune de ces deux firmes n’a apporté de précision sur le sujet. En plus d’être privé de nombreuses applications, Huawei pourrait être contraint de renoncer à utiliser ses propres processeurs, en raison de l’intégration de certaines technologies américaines.
Guerre commerciale
Alors que les Etats-Unis et la Chine sont embourbés dans une guerre commerciale à coup de droits de douane punitifs, Huawei cristallise en effet en grande partie le conflit, d’autant que les deux puissances sont en concurrence frontale dans le domaine technologique.
Washington a placé mi-mai le groupe chinois, actuellement numéro deux des smartphones et leader mondial de la 5G –internet nouvelle génération ultrarapide– sur une liste d’entreprises soupçonnées d’espionner pour le compte de Pékin. Ce que dément fermement le groupe chinois.
Les Etats-Unis a peu après donné trois mois de délai à Huawei, jusqu’à mi-août, avant d’imposer les sanctions, le temps que les industriels s’adaptent.
Survie
Conséquence de ces sanctions, les coups durs s’enchaînent pour Huawei.
Les sanctions mettent sa survie en péril car elles le privent de technologies et de composants dont ses appareils ont besoin, depuis le système d’exploitation Android de Google jusqu’aux indispensables puces électroniques sans lesquels ne peuvent fonctionner les smartphones.
Les groupes américains Qualcomm et Intel notamment, qui figurent parmi les plus importants producteurs de puces électroniques, ont annoncé qu’ils ne fourniraient plus le groupe de Shenzhen (sud de la Chine), à l’issue du sursis de 90 jours accordé par la Maison Blanche.
Google a aussi indiqué qu’il devait couper les ponts avec Huawei, le privant de fait de l’accès à son système mobile Android et à ses applications. En toute logique, si les sanctions américaines restaient en l’état, les appareils de Huawei pourraient donc perdre l’accès à la boutique en ligne d’applications de Google, le Play Store.
Sans Facebook pré-installé et sans accès au Play Store, impossible pour les propriétaires des futurs smartphones Huawei d’accéder aux applications du réseau social comme à nombre d’autres applications.
Le géant japonais de l’électronique Panasonic ou l’opérateur britannique Vodafone, entre autres, ont aussi annoncé qu’ils allaient devoir suspendre certains aspects de leur collaboration avec le groupe chinois. Pourrait s’ajouter à la liste le Britannique, ARM, qui conçoit des semi-conducteurs utilisés par l’ensemble de l’industrie des télécoms.
En plus des sanctions directes contre Huawei, les Etats-Unis s’attachent depuis plusieurs mois à convaincre les autres pays de cesser de faire affaire avec le groupe chinois.
En retour, Pékin hausse le ton, notamment en laissant entendre qu’il pourrait bloquer ses exportations de « terres rares », des métaux dont l’industrie américaine a besoin dans de nombreux secteurs de pointe.
La Chine a aussi indiqué jeudi qu’elle donnerait « bientôt » des détails sur sa très attendue liste noire d’entreprises étrangères « non fiables », une mesure destinée à contrer les Etats-Unis et qui devrait toucher les entreprises ayant déjà annoncé couper les ponts avec Huawei.