L’Espagne annule un contrat d’armement avec une entreprise israélienne

Jeudi 24 avril, le gouvernement de coalition espagnol a failli se rompre pour de bon à cause d’un contrat d’armement avec une société israélienne qui fournit armes et munitions dans le cadre de l’offensive terrestre à Gaza. Cette révélation a scandalisé les alliés de l’exécutif socialiste, qui a finalement annulé le contrat.

Le gouvernement espagnol a décidé jeudi 24 avril 2025 d’annuler de manière unilatérale un contrat d’armement d’une valeur de 6,8 millions d’euros avec une entreprise israélienne qui avait provoqué de fortes tensions au sein de la coalition de gauche au pouvoir, a-t-on appris de sources gouvernementales. Le contrat portait sur l’acquisition de plus de 15 millions de cartouches de calibre 9 mm auprès d’IMI Systems

Le Parti socialiste du premier ministre Pedro Sánchez et son allié de la gauche radicale Sumar «sont fermement engagés avec la cause palestinienne», indiquait-on de même source pour expliquer cette décision.

Depuis les représailles d’Israël dès octobre 2023 à Gaza, consécutives à l’attaque perpétrée par le Hamas, Madrid s’est engagé à n’acheter aucun matériel militaire à l’État hébreu, ni à lui en vendre, rappelle le correspondant dee RFI à Madrid, François Musseau. Une façon de protester contre le caractère « destructeur de son offensive », selon l’expression employée par le gouvernement espagnol.

Une prise de position qui explique pourquoi la révélation de ce contrat d’armement avec IMI Systems Ltd, filiale d’Elbit Systems, une société d’armement israélienne, a provoqué un scandale politique, tout spécialement auprès des partis à la gauche des socialistes qui assurent leur maintien au pouvoir : Podemos, Gauche Unie et Sumar. Sous pression, le gouvernement a décidé ce jeudi 24 avril d’annuler purement et simplement ce contrat qui portait sur la fourniture de munitions à la Guardia Civil pour un montant de 6,8 millions d’euros.

Ce contrat « n’aurait jamais dû exister », selon Yolanda Diaz, numéro trois du gouvernement espagnole

L’Espagne « ne peut acheter des armes à un gouvernement qui massacre le peuple palestinien », a déclaré à la presse Yolanda Diaz, ministre du Travail et numéro trois du gouvernement. La fondatrice de Sumar a indiqué qu’elle avait personnellement « négocié » avec le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, et le Premier ministre, Pedro Sanchez, pour obtenir son annulation. Selon Yolanda Diaz, ce contrat « n’aurait jamais dû exister », car il constitue « une violation flagrante de la légalité internationale ». La ministre qualifie les opérations de l’armée israélienne à Gaza d’« authentique génocide » et martèle « l’engagement total » de l’Espagne « aux côtés du peuple palestinien ». La décision unilatérale de rupture du contrat a été dénoncée dans la foulée par Israël.

En Espagne, cette crise se superpose à une autre. Mardi, l’exécutif socialiste a annoncé le déblocage de près de 10,5 milliards d’euros afin de porter les dépenses militaires à 2% du PIB national, conformément à ce qui a été promis à l’Union européenne. Pedro Sanchez a beau expliquer à ses partenaires que le budget social n’en souffrira pas, que l’essentiel de cet argent permettra d’augmenter les salaires des soldats et de créer quelque 36 000 emplois directs, rien n’y fait : à sa gauche, on refuse de « se préparer à la guerre ». La droite espagnole, elle, y est favorable, mais veut profiter de cette crise pour faire tomber le gouvernement socialiste.